Un fauteuil, un whisky, une rencontre. [Libre]

Habituellement, le nirphalien avait le sommeil léger. Cette nuit-là, et probablement à cause des quelques journées harassantes vécues dans les contrées désertiques, l'esprit apaisé du sang noir s'évada jusqu'à l'auberge onirique. Ce n'était pas la première fois qu'il rejoignait ce lieu étrange. Soit l'ambiance était portée sur l'amusement, soit elle dégageait un réel sentiment de sérénité, probablement dû au fait que rien au sein de cet établissement ne pouvait entraver la vie réelle des hellcans. En effet, ici-même, il n'était pas question de s'inquiéter pour un éventuel danger et tout se qui se passait au sein de l'auberge restait à l'auberge, sauf rares exceptions.

Affalé dans son fauteuil auprès d'une cheminée éteinte, Réda tenait un verre de whisky dans sa main droite. Le troisième en réalité. Le liquide tanguait tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, suivant inévitablement les mouvements cadencés et amusés de son poignet. Sur la table basse située devant lui se dressait une lanterne similaire à toutes les autres positionnées un peu partout au rez-de-chaussée de la bâtisse. De là où il se trouvait, il pouvait observer une partie des âmes en présence mais également la porte franchie de temps à autres par un nouveau protagoniste. Ce soir là, l'auberge n'était pas très animée, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Assurément, Réda n'avait jamais été un adepte des rassemblements festifs. Pour autant, et maintenant qu'il était sur place, le nirphalien d'une apparence totalement humaine, s'engagerait fort bien dans un échange sans intérêt, loin de ses habituelles préoccupations et diverses missions à accomplir. Le whisky contribuait sans aucun doute à cet instant de détente qui pour l'heure laissait entrevoir une soirée en solitaire.

Le nain en charge de remplir les verres avait trouvé là un bon client en la personne du nirphalien, qui, disposé à passer un agréable moment, tendit son verre qui fut aussitôt et de nouveau rempli de moitié. Malgré l'aspect onirique des choses, et tout autant que les autres sens, le goût restait lui aussi bien réel. Les papilles conquises, le sang noir fut distrait par l'ouverture de la porte principale. L'auberge accueillerait ainsi un nouveau venu au sommeil conséquent qui aurait alors la joyeuse possibilité de profiter de l'ambiance apaisée du soir. Le propriétaire des lieux attendit que le seuil soit franchi pour interpeller son tout nouveau client.

-"Bonsoir l'ami ! Venez donc par là et goûtez moi ce whisky !"

L'inconnu n'aurait plus qu'à s'avancer et se laisser servir, la bouteille étant déjà dans les mains de l'aubergiste rondouillard.

Lors de son périple au sein des Vend'îles, Elyah avait trouvé refuge dans une grange. Les propriétaires de la ferme voisine lui laissait profiter de leur toit pour la nuit, à condition qu'elle soit partie au lever du jour. Elle avait accepté cette requête et elle s'était donc installée dans la paille confortable de l'étage. Elle devrait partir tôt, probablement au lever du jour, pour ensuite se diriger vers Hellésia et espérer trouver quelqu'un qui pourrait l'orienter vers la Confrérie.

La jeune exilée s'endormit rapidement et son lourd sommeil l'emporta jusque devant l'entrée d'une charmante auberge. Il s'agissait d'un rêve pas comme les autres car tout semblait particulièrement vrai. Elyah poussa la porte et sentit immédiatement l'ambiance agréable, chaleureuse et sereine de l'établissement. Elle entendit tout de suite la proposition de l'aubergiste et répondit.

-Bonsoir. Un whisky ? ... Oui, très bien. Dit-elle un peu prise de court et soucieuse de ne pas attirer l'attention sur elle. Elle attrapa son verre, régla son dû et s'occupa donc de trouver un endroit où s'installer pour ne pas rester au milieu de la salle. En tant qu'exilée, elle n'était pas appréciée de tous et mieux valait donc s'éloigner des trois hommes du comptoir. Elle avança et s'installa sur un fauteuil libre près d'une cheminée pour l'instant éteinte. Elle osa dévier le regard sur l'homme installé non loin de là et détourna le regard pour l'orienter vaguement dans la pièce. Elle ne voulait pas d'histoires et pour cela, mieux valait ne pas fixer les gens, surtout que celui-là ne semblait pas, à première vue, très loquace. Elle se montra néanmoins polie avec son voisin.

Messire. Bonsoir.

La jeune femme l'observa un instant puis elle se concentra sur son verre. Elle bu une gorgée et grimaça. L'alcool fort n'avait jamais été à son goût.

Cette cheminée serait bien plus agréable avec quelques flammes.

Elyah tentait de faire la conversation à l'homme affalé sur sa gauche. Celui-ci semblait aussi pensif que mystérieux. Elle l'imaginait se lever sans lui adresser la moindre parole, mais venant d'un inconnu, cela lui importerait peu. La jeune femme espérait tout de même passer un moment agréable en ce lieu insolite, propice au repos et aux rencontres.

Whisky à la main, une jeune exilée vint s'installer dans le fauteuil voisin. Réda l'avait observée à son arrivée dans l'auberge ainsi qu'à l'amorce de la conversation. Les propos de la jeune femme lui étaient forcément destinés puisque les clients les plus proches étaient finalement trop éloignés pour converser sans élever la voix et se faire entendre de toute l'auberge. Tels deux étrangers dans un établissement bien particulier, l'échange fut tout d'abord timide, souhaité mais testeur quant à la réaction de l'interlocuteur. Le nirphalien laissa donc la nouvelle venue prendre place et profiter des lieux avant toute intervention. D'ailleurs, la première de sa part fut détournée, originale, d'une emprunte magique. En effet, il dirigea une main discrète vers un cocktail enflammé réclamé par un client, en chemin sur un plateau tenu par un serveur déterminé à rejoindre la bonne table. Il parviendrait certainement à destination mais serait surprit de la disparition du verre puisque celui-ci s'envolait soudainement mais discrètement dans ce recoin de la pièce avant d'être propulsé dans la cheminée en attente d'incandescence. L'alcool et les flammes avaient suffit à allumer le contenu déjà boisé de la cheminée, sans doute préparé par le maitre des lieux dans le courant de la journée. La remarque de l'exilée avait trouvé satisfaction tandis que l'homme buvait une nouvelle gorgée de son breuvage. La chaleur du feu se répandit rapidement dans l'espace où se trouvait nos deux protagonistes. Ce fut amusant, mais probablement un peu moins pour le serveur et son client en attente de la festive boisson.

"En effet, c'est mieux". Dit-il en observant les flammes grimper le long des parois prévues à cet effet avant de saluer enfin sa voisine. "Bonsoir". Continua t-il en réponse aux salutations de la jeune femme.

L'atmosphère passait de la morosité à la convivialité, de l'ennui à la curiosité. Le nirphalien termina son verre et il n'avait pas prévu d'en prendre un cinquième, ou le sommeil profond dans lequel il se trouvait prendrait peu à peu l'allure d'un coma. Il posa le contenant vide sur la table basse et se leva pour remuer les quelques bûches à l'aide du tisonnier. Il serait bête que le feu s'éteigne aussi rapidement et dans la mesure où il en était à l'origine, il était tout désigné pour s'en occuper.

"D'où viens-tu ? ... Larfa ? Jamilia ?" Puis en déposant le tisonnier et en restant debout adossé au pilier droit de la cheminée, bras croisés. "...Saranthe ?"

Le teint mat de l'exilée trahissait ses origines et le nirphalien ne voyait pas d'inconvénients à parler de la Vaste Désolée, une terre qu'il avait souvent eu l'habitude de traverser pour accomplir toutes sortes de missions. La chaleur de la cheminée lui rappelait les températures parfois extrêmes de ce royaume sauvage ainsi que les nombreux dangers qui le composaient.

La remarque d'Elyah n'était visiblement pas tombée dans l'oreille d'un sourd puisque l'homme posté à côté d'elle avait discrètement fait voltiger un verre enflammé jusque sur les bûches prêtes à l'emploi. Le feu prit rapidement et l'inconnu se leva pour remuer le bois. Elle le gardait en ligne de mire, lui qui savait manier la magie. Debout contre le pilier de la cheminée, il l'observa et entama la discussion. Dans un premier temps, ce fut très bref. Il ne semblait pas être un homme porté sur la conversation. Peu importe, ils étaient là au même endroit et des paroles simples suffisaient à faire passer le temps et à passer un bon moment. Elyah sentait déjà la chaleur des flammes sur ses joues, c'était agréable, pas comme ce whisky bien trop fort qu'elle reposa sur la table pour ainsi se concentrer sur son interlocuteur. Toujours debout face à elle, il l'interrogea sur le lieu d'où elle venait. Il semblait très bien connaître cette région du monde puisqu'il venait d'échapper plusieurs noms de cités de la Vaste Désolée. Le premier était le bon.

-Larfa. Répondit-elle sans rentrer dans les détails du petit village dont elle était originaire, mais qui ne se situait pas très loin de la grande cité du sud. Mais je suis depuis peu dans les Vend'îles. Ne connaissant pas du tout l'homme en présence, elle n'évoqua pas ses projets, notamment celui de rejoindre la Confrérie.

Etes-vous également originaire de mon royaume ? Vous semblez bien connaitre les différentes cités qui le composent.

Bien que celui n'en avait pas réellement l'allure, ou encore la teinture, certains humains naissaient dans la Vaste Désolée. Peut-être avait-il juste l'habitude de se rendre sur place. Elle pensa alors qu'il était peut-être un esclavagiste de Saranthe ou un marchand d'esclaves posté à proximité de la zone désertique. Elle préférait s'assurer que ce n'était pas le cas avant de poursuivre cet échange avec l'inconnu.

Dans quel domaine d'activités travaillez-vous ? Elle se rendit compte que sa question était peut-être un peu intrusive. Si toutefois ce n'est pas indiscret. Ajouta t-elle poliment. Elle remarqua qu'elle ne connaissait pas encore le nom de cet homme et pensa que le meilleur moyen d'y parvenir était de se présenter elle-même.

Je suis Elyah. Enchantée.

... Sauf s'il révélait une quelconque appartenance au monde de l'esclavagisme, en auquel cas, déçue, elle irait trouver un siège un peu plus loin.

La jeune femme confirma la première idée du nirphalien. Elle venait de Larfa mais précisa être actuellement dans les Vend'îles. Réda naviguait actuellement entre les deux royaumes, il les connaissait donc fort bien.

Etes-vous également originaire de mon royaume ? Vous semblez bien connaitre les différentes cités qui le composent.

"Pas vraiment". Lança t-il à la première interrogation de la jeune femme sans pour autant apporter la réponse sur ses origines. En général, les sang-noirs évitaient le sujet, surtout s'ils souhaitaient passer une bonne soirée. "Hier sur les terres arides, aujourd'hui sur les terres libres". Il ne venait pas de la Vaste Désolée mais il avait si souvent foulé cette terre qu'il pouvait presque s'y sentir comme chez lui. Il préférait toutefois les Vend'îles. Moins sableuses, moins dangereuses, moins suffocantes. Toujours adossé à la cheminée, l'homme poursuivait l'échange avec des phrases brèves et des réponses détournées. "Je remplis les missions que l'on veut bien me confier". Avoua t-il sans en détailler la teneur. "Et toi ?" Reprit-il dans la foulée, orientant ainsi la conversation sur la jeune femme désormais prénommée Elyah.

Le nirphalien quitta le pilier en pierres pour interpeller le serveur en lui montrant son verre de nouveau vide. Aussitôt demandé, aussitôt servi, le whisky remplissait de nouveau le contenant du nirphalien. Maintenant qu'une personne l'avait sorti de son ennui, il se devait bien de l'accompagner. Il rejoignit ensuite son fauteuil et leva légèrement son verre vers la demoiselle qui ne semblait pas très adepte de cette même boisson.

-"Réda" Fit-il pour se présenter à son tour en toute simplicité. L'homme conservait une grande part de mystère car sa vie n'avait rien d'un livre ouvert sur lequel tout le monde pouvait se pencher pour en lire sereinement les chapitres. Pourtant, le nirphalien pensait lui-même que les dernières années n'en étaient que meilleures, excepté peut-être pour ses cibles et ses ennemis. En effet, il ne s'embarrassait ni des détails ni des dommages collatéraux, oeuvrant la plupart du temps dans son seul intérêt.  

Le feu perdit un peu en intensité tandis que de nouveaux clients entraient dans l'établissement, se faufilant vers le comptoir et les tables et créant une once d'animation supplémentaire.

Cet homme était un peu étrange, suffisamment froid et très mystérieux. Elyah tentait de comprendre la personnalité de l'individu en question mais elle savait trop peu de choses à son sujet pour se faire une idée, et l'autre ne semblait pas enclin à dévoiler sa vie privée, ou dans tous les cas, les détails qui la composaient. Il n'était pas vraiment originaire de la Vaste Désolée. Et bien, cette réponse était aussi étrange que le personnage. Elle considéra qu'il s'agissait peut-être et dans ce cas, d'une terre d'accueil pour lui, mais la certitude était absente. Il semblait se balader à la fois sur ce royaume et celui des Vend'îles, un peu comme elle actuellement. Quant à ses activités, encore une fois, la réponse fut très floue avant qu'il ne l'interroge sur les siennes. L'exilée répondit tout naturellement, sans avoir de grands secrets à divulguer.

-Je cherche, trouve et revends des objets en tout genre. Mais j'ai rejoins les Vend'îles pour m'engager dans une cause plus noble.

Et voilà qu'elle lâchait le morceau alors qu'elle ne savait rien ou presque du personnage qui venait de quitter son pilier de cheminée pour obtenir à nouveau du whisky et reprendre place dans son fauteuil. Il se présenta sous le nom de Réda, un prénom qui lui allait fort bien.

Quel genre de missions vous a t-on déjà confiées ? Etait-ce dangereux ?

Peut-être était-il lui aussi dans la Confrérie ? Ou alors peut-être était-il un mercenaire, un assassin ou pire, un convoyeur d'esclaves ? Elyah regrettait presque sa question car au fond d'elle, elle savait que cette rencontre n'était qu'une aiguille dans une botte de foin située au fin fond d'une contrée hellcande. Mais bon, elle était là, il était là, ils parlaient, ils répondaient, il buvait, elle regardait son verre. Un léger brouhaha s'était installé dans l'auberge, les laissant presque plus libres de s'exprimer sans avoir le sentiment d'être entendu par d'autres clients. La jeune femme fit un effort et glissa quelques gouttes d'alcool fort dans sa trachée aussi affolée que la bûche qui se consumait sous leurs yeux.

Il est possible que nos routes se croisent dans les Vend'îles. Au moins je saurai si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

Elyah s'empressa de boire une gorgée supplémentaire.

Il serait dommage que nous soyons adversaires.

Elle s'arrêterait là pour l'instant, les mots ayant partiellement dépassés ses pensées. Elle détourna le regard, un peu gênée d'avoir autant questionné son voisin de gauche, tout en étant attentive aux réponses fournies, aussi vagues et furtives qu'elles seraient.

Réda n'avait pas pour habitude de converser avec les gens de ce monde. L'ambiance du soir, la sérénité des lieux et les quelques verres d'alcool favorisaient néanmoins le dialogue. Le nirphalien écouta les propos d'Elyah, laquelle évoquait alors ses activités de récupération d'objets. Le nirphalien ne trouvait pas cela inintéressant, mais les babioles, leur collection ou encore la vente qui en découlait, n'avaient jamais fait partie de son univers. Il entendit ensuite les interrogations de l'exilée.

Quel genre de missions vous a t-on déjà confiées ? Etait-ce dangereux ?

-"Certaines plus que d'autres". Répondit-il en premier lieu avant de rentrer plus vivement dans le cœur du sujet, s'assurant de l'absence de quiconque à proximité et reprenant la même formule que la jeune femme. "Je cherche, trouve et élimine des êtres en tout genre". Son regard fixa un instant la jolie brune, cherchant une réaction légitime à la suite de cette révélation. Le feu crépita légèrement, laissant Elyah digérer à la fois son whisky et la condition d'assassin de son proche interlocuteur. Il s'était assuré qu'elle seule entende l'information et mieux valait pour elle qu'elle ne l'ébruite pas. En effet, croiser la route du sang noir dans le cadre professionnel serait inévitablement une mauvaise chose pour la jeune femme.

"Il est peu probable que je sois engagé pour faire du tort à une chasseuse d'objets". Dit-il en l'observant à nouveau, rassurant quant à une éventuelle future rencontre. En effet, à moins d'être l'ennemie d'un riche contrebandier ou encore la propriétaire d'un objet fortement prisé, Réda ne voyait pas dans quelles circonstances il serait susceptible de s'opposer à sa voisine ici présente. Cependant, si la jeune femme changeait d'activité, une inconnue s'ajoutait à l'équation.

"Quelle est cette cause plus noble qui suscite ta présence dans les Vend'îles ? Le commerce de reliques est-il si ennuyeux ?"

Toujours installé dans son fauteuil, l'assassin laissa à Elyah la liberté de répondre. Il dévia son regard vers les petites flammes, curieux de savoir ce que les Vend'îles avaient à offrir à une chasseuse d'objets.

Après les questions soumises à son interlocuteur, Elyah était restée silencieuse. Patiente, elle attendait une réponse, curieuse de connaître le métier de son voisin, à défaut ce qui occupait son temps. De quoi d'autre pouvaient-ils bien parler ensemble ? La guerre en Estérya était un sujet si triste, l’indétrônable Caldérie un peu ennuyeuse et la Vaste Désolée laissée volontairement derrière elle pour une autre vie.

"Je cherche, trouve et élimine des êtres en tout genre".

Son regard resta figé sur l'homme. En réalité, en l'observant, elle trouvait que son comportement et sa manière d'être collait parfaitement avec ce qu'il venait de lui annoncer. Il n'était pas très expressif, et pas très locace, en tout cas à première vue. Après avoir côtoyé le personnage seulement quelques minutes, la jeune femme n'en fut pas totalement surprise, pourtant aucun mot ne pu sortir de sa bouche. Elle ressentit une légère angoisse à l'idée d'échanger sur sa vie avec un tel individu. Elyah ne fut d'ailleurs que peu rassurée lorsqu'il évoqua la faible probabilité d'être engagé pour lui régler son compte. Elle ne dit rien, espérant simplement se réveiller plus vite qu'elle ne l'aurait souhaitée quelques instants plus tôt. Mais Réda, au départ peu bavard, l'interrogea en retour, cette fois-ci sur ses projets dans les Vend'îles. La jeune exilée tourna les yeux vers les différents clients présents dans son champ de vision puis elle reporta son attention sur l'homme dans le fauteuil.

Je ne m'ennuie pas. C'est même d'ailleurs tout le contraire. Dit-elle en référence à son activité actuelle. Mais je veux être utile et apporter mon soutien à ceux qui ont besoin. Elle se leva et le fixa. Je doute que nous soyons du même côté.

Sur ces mots, Elyah attrapa son whisky et le termina d'une traite.  

Bonne nuit. Ajouta t-elle en se souciant guère de la bonne ou mauvaise nuit que passerait cet homme. L'exilée rejoindrait le comptoir, commanderait une boisson moins forte et resterait seule plutôt que mal accompagnée. En réalité, elle avait apprécié cet instant en la compagnie de l'étranger, là n'était pas le problème, mais Elyah refusait de parler plus longtemps avec un homme qui écourtait des vies alors qu'elle souhaitait les prolonger.

Elyah s'était offusquée après la révélation du nirphalien, qu'elle devait d'ailleurs prendre pour un simple humain. Fort heureusement, sinon il aurait pu recevoir un verre dans la tête, juste à cause de ses origines. Ses activités avaient néanmoins suffit à braquer la demoiselle, qui préféra donc prendre congés plutôt que poursuivre la discussion ou mieux connaître celui qu'elle avait déjà catégorisé dans la case des mauvais de ce monde. Certes, elle n'avait pas complètement tort car Réda n'avait rien d'un tendre ni d'un enfant de cœur. Ce n'était pas la première fois qu'on le jugeait sur ses actes sans en connaître la véritable teneur, mais la réaction de la jeune exilée était selon lui quelque peu prématurée, bien que compréhensible pour le commun des mortels. En effet, elle se leva et décida de prendre congés, lui souhaitant également une bonne nuit par pure politesse.

Il esquissa un léger sourire devant la spontanéité et la susceptibilité de sa voisine, qui en un rien de temps passait d'un fauteuil devant la cheminée à la traversée de l'auberge en direction du comptoir. Le nirphalien la laissa accomplir quelques pas sur la vieille pierre formant le sol froid de l'auberge, jusqu'au bois souvent lustré du vieux comptoir. Sa bonne humeur du soir ne disparaitrait pas et il se leva à son tour pour rejoindre le plan de travail qui accueillait verres, bouteilles et coudes éreintés. Il posa son verre et lorsque le propriétaire des lieux s'approchait pour le servir à nouveau, l'homme fit un simple geste de la main pour l'arrêter dans son élan. Cinq whisky étaient largement suffisamment, il en resterait là pour la soirée. Tournant les yeux vers Elyah, il s'expliqua brièvement.

-"Ta vision archaïque du monde changera avec le temps... lorsque tu seras confrontée, en accomplissant ta cause plus noble, à des choix pas si évidents. Je ne suis pas un ennemi, juste un homme dans une auberge où rien ne peut arriver".

Réda ne comptait pas imposer sa présence davantage qu'il venait de le faire. Indifférent quant à cette nuit au sommeil perturbé, le nirphalien se dirigea vers l'un des encadrements de fenêtre. Bien qu'il avait par le passé déjà mis les pieds dans cette auberge, il se demandait quelles étaient les frontières de cet espace onirique. La porte faisait toujours office de séparation entre le monde réel et le monde des rêves, et l'étage appartenait lui aussi à ces derniers. Le sang-noir observa l'extérieur où il faisait nuit sombre, ne parvenant pas à distinguer les alentours. Il s'orienta donc vers la petite cour associée à l'établissement, profitant du nombre peu important de clients ce jour là pour agir à sa guise. L'air était frais, en contraste évident avec la cheminée en pleine activité. Mains posées sur le muret, l'homme observait l'environnement de ce lieu considéré par tous comme inexplicable.

Un peu destabilisée par l'homme dans le fauteuil, Elyah avait opté pour une fuite jusqu'au comptoir. Alors qu'elle n'était ni sûre, ni fière de sa réaction, mais n'ayant rien trouvé de mieux sur l'instant, elle interpella l'aubergiste pour commander un autre verre, mais cette fois-ci elle prendrait un thé, si toutefois le gérant savait de quoi il s'agissait. Comme tous les établissements de ce genre, celui-ci ne semblait pas faire exception et la jeune exilée trouvait que les boissons s'adressaient bien plus aux hommes qu'aux demoiselles. Peut-être ferait-elle fortune en ouvrant une auberge qui proposerait des jus de légumes, de fruits, ou autres cocktails savoureux ? Pas comme ce whisky sec qui irritait la gorge au lieu d'être appréciable. Les palais n'étaient véritablement pas les mêmes d'un individu à l'autre. Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsque la voix de l'assassin s'adressa une nouvelle fois à elle. Elle l'écouta et resta très silencieuse, le laissant ensuite s'échapper vers un autre recoin de l'auberge. Elle réfléchit alors à ses propos, bien indécise quant à ce personnage aussi mystérieux que dangereux. Il disait sans doute vrai car la jeune femme, du haut de ses vingt-trois ans, restait une novice dans ce monde si vaste et si étrange et sa vision des choses restait la sienne, liée aux quelques petites expériences passées. L'exilée attrapa son thé, ou du moins ce qui s'apparentait à un thé. Elle remarqua alors Réda qui empruntait une porte et disparaître derrière celle-ci.

-Qu'y a t-il par là ? Demanda t-elle au bonhomme qui dépassait à peine du comptoir, et l'interrompant au passage dans sa discussion avec un autre client. Il lui répondit qu'il s'agissait d'une cour, retournant aussitôt à son échange avec l'autre buveur d'alcool tout en astiquant un verre avec son torchon. Bien, l'assassin avait rejoint un espace extérieur. Elyah ne savait pas si elle devait se diriger de ce côté là. Pourquoi le ferait-elle si ce n'est pour surveiller l'homme au fauteuil, lui parler à nouveau peut-être, lui montrer qu'elle n'était une fille bornée aux opinions restreintes ? Sa curiosité et le fait que cet endroit n'était pas réel l'entraina vers la porte. Elle sortit et sentit immédiatement le contraste évident entre l'intérieur chaleureux, bruyant, visuellement chargé et lumineux, ... et l'extérieur froid, silencieux et nocturne. Réda était ici, le regard porté sur l'horizon formé d'un chemin et la nature environnante. Elle devait reconnaître que cet endroit était aussi étrange que l'assassin.

Que faites-vous ?

La jeune exilée ne savait pas réellement comment reprendre la conversation précédemment écourtée par sa faute, en partie tout du moins car elle avait ses raisons et son interlocuteur n'était pas banal dans son genre. Les bras croisés, elle observait l'homme barbu dans l'attente d'une réponse, remarquant également l'absence totale d'autres clients dans la petite cour.

La cour de l'auberge s'étendait sur une quinzaine de mètres carrés. A gauche en sortant de l'établissement, on trouvait un banc en pierre et dans son prolongement une jardinière d'où sortait un jeune sapin. Un muret entourait la cour, séparé en son milieu par un portillon en bois. Positionné sur la droite, le nirphalien observait ce qui existait tout autour, dans cette réalité qui n'était pas la sienne, ce qui rendait l'ensemble inexpliqué et inaccessible.

-"Que faites-vous ?" La voix familière d'Elyah, accompagnée d'un ton légèrement accusateur, avait sorti le nirphalien de ses réflexions. N'était-ce pas plutôt à lui de poser cette même question ? Il émit un bref sourire car la demoiselle au second fauteuil ne semblait pas aussi peureuse qu'elle avait bien voulu le montrer. En effet, la voilà qui était désormais seule avec l'homme récemment rencontré. La condition d'assassin de son interlocuteur l'avait suffisamment rebutée, à juste titre, du moins en accord avec les pensées de l'opinion générale au point d'entraîner une fuite irréfléchie vers le comptoir. L'homme se retourna et se mit à l'aise contre le muret, croisant le regard de l'exilée en lui apportant une réponse, certes vague et énigmatique.

"Je cherche à résoudre un mystère qui visiblement ne peut l'être". Dit-il tout d'abord ne parlant des limites imaginaires de l'auberge et de la présence non véritablement souhaitée au sein de l'établissement de l'ensemble des clients qui la composaient. Les frontières du réel resteraient à leur place, invisibles et inexplicables. "C'en est presque agaçant". Ajouta t-il, la voix grave et en connaissance de cause. Il avait déjà emprunté le portillon à ses côtés et s'était réveillé quelques instants plus tard, très loin du monde onirique. Des siècles d'existence n'étaient parfois par suffisants pour trouver des réponses bien enfouies. Bien qu'il restait curieux sur cet endroit insolite, Réda n'y apportait pas une grande importance. L'auberge restait un lieu de détente sans grand intérêt pour un être comme lui. Il s'apprêtait à poursuivre leur discussion lorsque deux hommes un peu trop alcoolisés déboulèrent dans la petite cour. Occupés à se bousculer et à déblatérer en haussant la voix, ils ne remarquèrent leur présence qu'après de longues secondes et se mirent à rire, s'approchant de la gente féminine avec autant d'impolitesse que le manque flagrant de bonnes manières. Réda ne leur ferait point la leçon, n'étant pas non plus une référence en matière de galanterie, de sociabilité ou de comportement exemplaire. Spectateur de la scène, il était cependant curieux de savoir comment la jeune femme s'en sortirait face à ces deux énergumènes. Trop entreprenants, ces derniers s'étaient fortement rapprochés d'Elyah...

Elyah rencontrait ce jour là un homme étrange dans un lieu étrange. La jeune femme ne savait pas réellement si elle devait poursuivre son échange avec celui qui s'était qualifié d'assassin. Elle avait rejoint les Vend'îles pour accomplir toutes sortes de missions qui aideraient le monde à mieux se porter, elle l'espérait. Elle participerait à son échelle, aussi petite soit-elle, mais elle pourrait se dire fière d'être l'héroïne qu'elle voulait être depuis des années. Cette nuit-là, alors qu'elle dormait à poings fermés, elle naviguait dans cette auberge onirique où elle rencontrait Réda, un homme en apparence bien mystérieux, mais néanmoins courtois et attirant, jusqu'à la révélation de son côté obscur, à savoir son activité d'assassin. Elyah fut tout d'abord déçue de cette confidence et s'était retirée au comptoir avant de le rejoindre à l'extérieur, curieuse de connaître ses intentions une fois dehors, tout autant qu'elle espérait découvrir un nouveau recoin de la tarverne. La cour était petite mais suffisante pour que quelques clients puissent prendre l'air en toute tranquillité. Elle vit l'homme au fauteuil vers le muret, observateur. Elle l'interrogea sur ses agissements, avant qu'il n'engage de nouveau la discussion. Il s'agaçait à ne pas trouver d'explications pour résoudre un mystère qui d'après elle concernait l'auberge, sans certitude car les propos ciblés de Réda la laissait en retrait et à l'écart d'une réflexion commune. Elle l'écouta, le trouvant toujours aussi mystérieux, puis fut distraite par les deux individus qui rejoignirent à leur tour la cour et dont la démarche au même titre que l'odeur trahissaient le nombre important de verres qu'ils avaient visiblement descendus avant de venir les importuner. Elyah resta en retrait mais lorsque ces derniers remarquèrent la jeune femme, ils ne manquèrent pas de s'en approcher de manière impolie et incorrecte.

-"Eloignez-vous". Dit-elle prévenante, se trouvant assiégée tel un château face à l'ennemi. Les autres riaient, autant par l'alcool que par la bêtise dont ils étaient atteints. "Vous risquez de le regretter". Prévint-elle à nouveau en reculant contre le mur tandis que l'un des deux osait glisser une main dans ses cheveux. Elle le repoussa aussitôt et lui donna un coup de poing dans le nez qui le fit aussitôt chavirer à la renverse sur le sol pavé de la cour. Elle fut sans doute tout aussi étonnée que lui du résultat. Elyah n'était pas une bagarreuse, bien que cela soit déjà arrivée par le passé, mais elle avait tendance à régler ses conflits avec des moyens détournés. L'autre se tenait le nez avant de disparaitre sous leurs yeux, sans doute réveillé par ce qui devenait pour lui un mauvais cauchemar. Elle espérait juste qu'elle ne le reverrait jamais, ni ici, ni ailleurs. La réaction du second fut l'énervement de ne plus avoir son compagnon de beuverie, du moins c'est ce que la jeune exilée en avait déduit lorsqu'elle le vit s'approcher un peu trop près avec ses yeux fixés sur elle. Il déposa ses mains crasseuses sur les deux épaules d'Elyah qui observa tour à tour les deux mains posées sur elle. N'approuvant pas, elle le repoussa. L'inconnu recula d'un pas avant de brandir une main dans sa direction. Cette soirée était plus mouvementée qu'elle ne l'aurait imaginée quelques instants plus tôt, lorsqu'elle était sagement assise dans le fauteuil près de la cheminée. A présent, elle était à l'extérieur, avec un assassin étrange et un alcoolique violent. Le monde abritait des personnes de tous horizons, et elle n'avait pas encore tout vu !

La tranquillité de la soirée à l'auberge onirique fut rompue par deux pochtrons sans grand intérêt mais suffisamment alcoolisés pour perturber certains clients pourtant imperturbables. Le nirphalien s'amusa presque de la première scène, observant le nez cassé et la disparition du malotru suite au poing bien placé de la jeune exilée. Le sang-noir la laissa gérer cette situation qui en toute évidence semblait davantage la concerner. N'ayant cependant rien d'autre à entreprendre puisque le mystère des lieux s'avérait infranchissable, Réda s'approcha et d'un simple et unique geste, il attrapa le bras du perturbateur pour le lui bloquer dans le dos avant de l'entraîner vers le muret. Dans l'élan, il propulsa l'homme par dessus qui aussitôt disparu à son tour, réveillé malgré lui par les limites de l'inexplicable auberge. Le nirphalien se tourna vers Elyah, observatrice des derniers évènements et à peine détachée du mur.

-"Menacer l'aubergiste n'est pas une option". Marmonna t-il en pensant aux options possibles alors qu'il avait déjà mis de côté l'altercation précédente. Le nirphalien l'avait déjà entrepris il y a environ trois siècles et il s'était réveillé dans la seconde qui suivit. "Rentrons". Dit-il soudainement à la jeune femme en se dirigeant vers la porte et en actionnant la poignée pour rejoindre l'intérieur plus chaleureux, plus bruyant, plus sociable tout court. Il ne resterait guère plus longtemps, sachant pertinemment que son sommeil n'était pas celui d'une marmotte. Réda dormait généralement peu et que d'un œil, il était donc rare de l'apercevoir en ce lieu qu'il avait finalement à peine foulé trois ou quatre fois en plus de neuf cent ans. Et étrangement, rien n'avait changé depuis tout ce temps, si ce n'est l'homme derrière le comptoir. Observant le personnage d'un simple regard il s'en détourna et rejoignit son fauteuil resté libre. La cheminée avait reprit son statut initial, froide et éteinte. Peu de clients étaient encore présents, signe peut-être d'une nuit déclinante et d'une journée naissante. Observant Elyah qui était restée dans son sillage, il lui adressa quelques derniers mots. "La Confrérie te procurera certainement ce que tu cherches". Dit-il simplement et sans grande réflexion. Une seule organisation reconnue se situait dans les Vend'îles et semblait répondre aux exigences de la jeune exilée. "Bonne chance". Le nirphalien resterait quelques instants supplémentaires avant de disparaître à son tour.

Par instinct, Elyah s'était débarrassée du premier homme sans grand honneur mais en toute efficacité. Le coup de poing avait fait son effet. Elle le vit disparaître sous ses yeux, ce dernier ayant sans nul doute quitté le monde des rêves pour reprendre le cours de sa vie dans la réalité. Mais il n'était pas seul et un second semblait suivre le même chemin de la bêtise humaine. Acculée contre le mur, la jeune femme l'observait, prête à se défendre de la même manière qu'avec le précédent. Cependant, Réda fit le nécessaire et en deux trois mouvements et l'être alcoolisé avait subi le même sort que son compagnon. Il disparu assez rapidement, propulsé derrière le muret qui constituait les limites de l'auberge. Elyah fut soulagée de l'intervention de l'homme au fauteuil, lui évitant ainsi la possibilité d'être blessée, bien qu'elle savait qu'il ne pouvait pas lui arriver grand chose en ces lieux, si ce n'est disparaître.

Merci. Dit-elle, polie, tandis que le barbu semblait déjà préoccupé par ses recherches étranges. Il orienta la jeune femme vers l'intérieur où la cheminée avait repris la froideur d'un début de conversation.

-"La Confrérie te procurera certainement ce que tu cherches".

Elyah en était déjà persuadée. L'organisation qu'elle rejoindrait serait un nouveau départ pour elle, et une chance d’œuvrer selon ses convictions. Elle resta debout, contre son ancien fauteuil alors que l'homme avait reprit sa place initiale. Elle resta silencieuse lorsqu'elle sentit une douleur à son bras droit. Elle avait comprit. Ils l'avaient retrouvée. Elle devait se réveiller, et vite.

La cascade... après la frontière.

Elyah avait disparu à son tour, laissant un indice de sa position actuelle à l'assassin, espérant une aide qu'il n'apporterait sans doute pas selon elle. Ils avaient à peine fait connaissance. Étant dans les Vend'îles depuis peu, elle se trouvait à l'extrémité Est du royaume libre. Elle savait que des esclavagistes enlevaient des gens du côté de Minéas et dans la partie peu habitée des Vend'îles. Elle avait rapidement comprit qu'elle serait enlevée et ramenée en terres désertiques... jusqu'à être de nouveau libre après l'intervention de deux nirphaliens qui attaqueraient le convoi dont elle ferait partie. L'assassin avait suivi sa piste et récolté les informations nécessaires pour la retrouver. Heureusement pour elle.

[Suite dans le rp "Pour la liberté" - La Vaste Désolée]

Les deux nouvelles connaissances allaient chacun rejoindre leurs occupations lorsque la jeune femme quitta l'auberge de manière soudaine et précipitée. Elle n'eut que le temps d'évoquer quelques mots, à savoir un emplacement dans les Vend'îles à proximité de la Vaste Désolée, du moins c'est comme cela que Réda avait compris les choses. Le nirphalien connaissait bien la zone en question et il avait comprit la détresse d'Elyah. Quelque chose d'anormal se déroulait à cet instant même. Il ne lui devait rien, après tout ils venaient à peine de faire connaissance et pour cette raison aussi simple que logique, rien ne l'orientait vers ce genre d'obligation. Il se tourna vers la froideur de la cheminée de nouveau éteinte et soupira. Rien d'autre ne le retenait actuellement, alors autant se rendre sur place pour savoir de quoi il retournait. Le nirphalien disparu de l'auberge quelques instants après la jeune exilée. La nuit se poursuivrait avec le même calme vécu au sein de l'établissement. Peu de clients équivalait à peu d'ennuis, pour le plus grand bonheur d'un aubergiste aussi bon vivant qu'observateur. Il lava et tria sa vaisselle avant de rejoindre lui-même un fauteuil pour discuter avec l'un de ses clients, profitant lui aussi d'un peu de convivialité.

Une fois les yeux ouverts, il quitta son bivouac dans la forêt vend'îléenne pour rejoindre la cascade évoquée par la jeune femme. Il avait une bonne journée de retard, au moins. De légères traces de lutte furent trouvées dans la cavité rocheuse qui avait abritée Elyah, certainement le temps d'une nuit, le temps de prendre le repos nécessaire avant de reprendre sa route. Agenouillé près des traces de pas qui s'orientaient vers l'Est, le nirphalien se redressa et repositionna son sac sur son épaule. Il suivrait ainsi les indices trouvés, des indices parfois laissés par la jeune femme elle-même. Malgré sa bonne avancée, le mauvais temps vint le ralentir par la suite et il perdit la trace d'Elyah. Engagée dans cette mission sans commanditaire, l'assassin était décidé à aller jusqu'au bout. C'est ainsi que les jours suivants, il put obtenir des informations sur le convoi d'esclaves et rassembler les éléments en sa possession. Il ferait alors la rencontre d'un autre sang-noir également intéressé par ce même convoi. Ensemble ils libèreraient les esclaves et la personne qu'ils étaient venus récupérer. Elyah retrouverait sa liberté pour ensuite reprendre sa route au cœur des Vend'îles. Quant à Réda, il poursuivrait ses aventures en solitaire sur les terres du sud.

Fin du RP.