Un rendez-vous au palais [PV Lhuden]

Clac clac clac faisaient les pas d'Anniel sur les marches en marbre du palais royal de Centrale. Le Nirphalien n'avait jamais été totalement à l'aise à l'intérieur des fastes de la cour, peut-être en raison de sa nature ou bien parce qu'il savait que là, il était à découvert. Protégé par le Roi éveillé, il avait le droit d'aller et venir mais ne se rendait que rarement à l'intérieur des murs du palais fortifié, recevant généralement ses ordres de la part d'un envoyé ou bien par quelques pigeons voyageurs. Or cette fois-ci c'était différent, il avait été convoqué au palais et serait reçu dans une salle attenante à celle du trône. S'étonnant de cette requête, il s'y plia cependant, vouant un profond respect pour son suzerain pour lequel il travaillait depuis maintenant de nombreuses années. Arrivé en haut des marches, il indiqua la raison de sa présence à un garde qui surveillait l'une des portes. Celui-ci lui indiqua non sans un soupir la direction qu'il devait prendre. Comprenant que sa présence dérangeait le conscrit, il le laissa tranquille et se dirigea vers la pièce qu'on lui avait indiqué.

Il croisa plusieurs regards qui, comme d'habitude, se détournait à son passage. Certes, le Roi semblait lui porter un intérêt sincère mais ce n'était pas le cas de toute les personnes de la cour qui se méfiaient soit de sa nature que certains connaissaient, soit de son métier ou bien de sa réputation. Il ne leur en voulait pas, après tout, on se méfie de l'inconnu, et faire la causette à ce genre de personne ne l'intéressait guère.

Alors qu'il approchait de la porte, il vit plusieurs personnes qui semblaient prendre la même direction que lui et lorsqu'il parvint à l'entrée de la pièce indiquée, il salua d'un bref signe de tête les gardes situés à l'entrée qui restèrent impassibles. Lorsqu'il pénétra dans la salle, il constata la présence de plusieurs autres personnes qui attendaient dans un silence pesant. On lui indiqua une chaise sur laquelle il s'assit sans autre cérémonie. Plusieurs visages se tournèrent vers lui mais il n'en avait cure, il était là sur ordre du Roi et n'avait de compte à rendre à aucun de ces aristocrates endimanchés.

La tension était à son comble lorsque la porte s'ouvrit de nouveau, peut-être allaient-ils connaître la raison de leur présence et la raison pour laquelle un nirphalien indésirable se trouvait parmi eux... La porte laissa cependant apercevoir un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Il ne fallut guère plus d'une seconde à Anniel pour reconnaître le jeune prince Lhuden qui avait certes bien changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu.

Il se leva en opinant du chef : "Votre altesse..." eut-il tout juste le temps de souffler alors que les autres nobles affables fondaient sur lui comme des vautours sur une proie. Il ne savait pas si le jeune homme l'avait vu dans la cohue mais ils auraient, espérait-il, bien l'occasion de converser avec lui.

En effet, le prince avait bien changé. Il n'était plus le petit garçon connu par Anniel lors d'une mésaventure vécue plusieurs années auparavant. Aujourd'hui, il sortait de quatorze mois d'entrainement au sein de l'école guerrière de Siltora, à la demande de son père et sous l'étroite surveillance de plusieurs généraux et autres soldats uniquement affectés à cette tâche. Et sans doute qu'il n'avait jamais remarqué les meilleurs d'entre eux tellement ils devaient faire preuve de discrétion. En tant qu'héritier du royaume, sa vie représentait l'avenir et son père comme bien d'autres au palais étaient soulagés de son retour à Centrale. Ce n'était donc plus un enfant qui entrait dans la grande pièce adjacente à la salle du trône, mais un jeune adulte prêt à affronter une dizaine d'interlocuteurs, dont certains, pompeux au possible, feraient tout pour obtenir satisfaction.

Lhuden fit son devoir et transmis des lettres de missions à cinq d'entre eux, des ordres du Commandant Kerr qui n'avait pu se déplacer en raison de son travail au sein de la guilde. C'était là un homme très occupé que le jeune prince tentait d'aider au quotidien d'une manière utile et peu dangereuse. Il se débarrassa ensuite des nobles qui attendaient des permissions d'ouvertures d'établissements à Centrale ou d’audiences auprès du roi. Une fois la distribution accomplie, l'intérêt de ces hommes revenait à vaquer à leurs propres occupations. Le prince avait rapidement expédié les échanges et ce n'était pas pour le déplaire. Il pensait être libre de retourner à la guilde pour une petite séance d'entraînement lorsqu'il aperçut une dernière personne. N'ayant plus de parchemins entre les mains, il su que l'homme en présence n'était pas là pour récupérer une autorisation ou un ordre de mission. Il hésita un instant, l'observa en silence, et s'exprima sereinement.

-Je ne pensais pas avoir un jour la possibilité de vous remercier". Bien qu'il n'était autrefois qu'un enfant, il était difficile d'oublier les mésaventures les plus marquantes et certains visages longtemps restés gravés dans sa mémoire. Alors que le prince s'était dirigé vers la large fenêtre qui dominait une partie de la capitale, il poursuivait la discussion. "Alors merci". Dit-il simplement. A dire vrai, il avait longtemps espéré que ce jour arriverait et les mots ne furent pas réellement ceux qu'il aurait souhaité. Il se mit finalement à sourire puis avança vers l'homme qu'il ne connaissait pas réellement. "Mon père est visiblement à l'origine de cette rencontre". Il savait que le roi lui avait envoyé le nirphalien pour apprendre à ses côtés. En effet, ils avaient souvent discuté de la formation du prince et plus il serait préparé, plus il aurait de chance de survie. "Si je dois apprendre, autant que cela s'effectue avec l'un des meilleurs". Il pensait ce qu'il disait, surtout après l'idée qu'il s'était fait de lui lors de leur toute première rencontre.

Lhuden se dirigea aussitôt vers la sortie, bien décidé à rejoindre un endroit plus propice à l'entraînement souhaité. "Suivez-moi" . Le jeune humain embrigada le nirphalien dans les vastes couloirs du palais avec l'intention de rejoindre sa propre salle d'entraînement. Sur le chemin, ils furent littéralement assaillis par la garde royale. Une agitation régnait dans l'enceinte du palais, et aux interrogations du prince il n'y eut qu'une réponse. Un corps a été laissé devant le palais, avec pour seul conseil celui de ne pas sortir. Mais Lhuden n'était pas du genre obéissant et il comptait bien se rendre compte de l'évènement par lui même. Oubliant presque la présence d'Anniel, le jeune homme un peu trop entouré rejoignit le cadavre qui jonchait les premières marches du palais. L'un des généraux lui tendit le mot qu'il venait de trouver sur le vêtement du malheureux. Encore une menace de mort, une de plus. Et si le jeune humain se fichait presque d'être une cible, il n'admettait guère que d'autres paient le prix à sa place. Il refusa d'être escorté à l'intérieur et ordonna à être informé des suites de l'enquête. Il se détourna des gardes et rejoignit le lieu initialement prévu, n'acceptant que le nirphalien dans son sillage. Il ne prononça pas le moindre mot, laissant bien comprendre qu'il n'y avait pas que des bons côtés à être l'héritier du royaume. Un brin énervé et retourné par la scène précédente, Lhuden était fin prêt pour se défouler un peu.

Voyant la foule de nobliaux qui se pressaient pour voir le prince et la longue attente qui s'en suivi, Anniel ne put que soupiré. Etait-ce une erreur ? Avait-il été convié là pour tenir le crachoir à ces nobles sans cervelles qui ne mesurait aucunement le privilège que d'avoir un accès permanent à la cour et ne se souciait que de ses petites affaires et de son petit commerce. L'ambiance de la salle attenante au trône était étouffante et le temps passant, il se leva et s'approcha de la bibliothèque, prêtant un regard circonspect au jeune prince qui croulait encore sous les prétendants qui demandait un papier qu'il leur fournissait au pris d'innombrables palabres.

Au bout d'un temps, la pièce commença à se vider et il ne resta bientôt qu'Anniel et le prince dans la pièce. Ne sachant toujours pas pourquoi il avait été convié en cette salle, il s'était assis de nouveau et avait fait le choix d'attendre. Peut-être le roi allait-il ensuite venir pour une quelconque affaire... ou bien le messager s'était trompé de jour ou d'heure. Alors qu'il n'était plus que tous les deux dans la pièce, le jeune prince s'adressa à Anniel : "Je ne pensais pas avoir un jour la possibilité de vous remercier. Alors merci" Devant ces remerciements qui semblaient un peu gauche, le nirphalien s'inclina poliment et rétorqua simplement : "Je n'ai fait que sauver ma vie, vous savez.".

Ce court échange donna lieu à une invitation de la part du prince, un entraînement ? Anniel ne comprenait pas si ce n'est qu'il devait suivre le jeune homme qui sortait déjà de la salle. Attirés par une cohue étrange, ils se dirigèrent tous deux vers l'entrée du palais devant laquelle, un spectacle macabre les attendait. Un homme semblait avoir été assassiné là. Un garde tendit un morceau de papier au jeune prince et Anniel parvint difficilement à en déchiffrer les quelques mots inscrits. Un avertissement ou plutôt une menace. D'un regard, il analysa la scène qui s'ouvrait devant lui et essayé de mettre à profit ses talents acquis à force d'observation et d'attente. D'un coup d'oeil il remarqua que plusieurs séries d'empreintes semblaient aller et venir du palais mais l'une d'entre elle lui parut bien étrange, à dire vrai on aurait dit que la personne ne disposait que d'un seul pied alors que l'autre était un étrange bâton. Un pirate aurait-il pu se rendre à la cour ? Rapidement, le jeune prince se détourna de cette scène et il fit comprendre à Anniel de le suivre et ils se rendirent tous deux dans une salle d'entraînement.

"Messire, êtes vous sûr de vouloir croiser le fer en pareilles circonstances ?" Le regard déterminé du jeune homme lui fit comprendre qu'il n'y avait pas lieu de poser pareille question. Anniel se saisit alors d'une épée posée sur un râtelier d'entraînement, son épée étant resté dans une salle à l'entrée du palais, et se mit en position. Si c'était là ce que le prince voulait, alors il se mit en garde et fit signe à son opposant d'attaquer le premier. Alors que les premiers coups pleuvaient, le nirphalien ne put que constater la vigueur du jeune héritier qui tenait bien sa lame et enchaînait les coups avec adresse et rapidité. Anniel ne savait pas s'il pouvait porter des coups plus forts, l'étiquette le permettait-elle ? Au bout de plusieurs rudes échanges, il oublia finalement qui était son opposant, celui-ci semblait en vouloir plus et le nirphalien lui rendit coup pour coup. Lors d'un court arrêt des échanges qui leur permit de s'éponger le front qui perlait de sueur, il se permit un bref commentaire : "Messire, vous voilà devenu un fin escrimeur, mais vos coups gagneraient à être asséné avec un peu plus de précision ! Prenez un peu plus de distance avec votre adversaire et calculez davantage vos ass..." Se reprenant, il se rappela à qui il avait à faire et s'excusa de son propos en s'inclinant.

Si les circonstances pouvaient paraître particulières, elles n'en étaient pas moins récurrentes. Et bien qu'il était inconcevable de s'habituer à de tels évènements, le prince était forcément affecté et voyait déjà sa propre mort, dans un avenir proche ou lointain, son corps étalé devant le palais comme celui que les gardes emmenaient en ce moment même dans un lieu loin de toute agitation et des regards curieux. Lhuden était resté silencieux à la question du nirphalien, dont il connaissait fort bien la nature. Son père et lui avaient plus d'une fois parlé de cet homme, de son acte salvateur mais aussi de ses capacités et de l'atout qu'il représentait pour le royaume. Le prince n'en pensait forcément que du bien, tout comme son père, probablement.

Les échanges de lames s'exécutèrent dans un rythme quelque peu effréné. Lhuden n'avait pas le désir de montrer ses capacités, il était plutôt dans l'optique d'évacuer certaines pensées. Pour cela, il dévoila une certaine rage et par la même occasion l'habileté acquise au cours des derniers mois. Il n'était cependant qu'un jeune humain avec bien plus à apprendre. Anniel lui donna ensuite un conseil avant de se sentir visiblement gêné. Le jeune homme répondit aussitôt.

-Ne faites pas comme les autres. S'il vous plaît". Dit-il en se tournant pour lui aussi passer un linge sur son front en sueur. "Vous n'êtes pas comme eux".

Étranges paroles, certes, mais peut-être n'étaient-elles pas complètement dénuées de sens. Et en tant qu'héritier qui avait bien grandit, Lhuden avait pour habitude de parler avec une certaine franchise, que ce soit à ses sujets ou aux personnes qu'il avait l'occasion de rencontrer. Il voyait en effet le nirphalien comme un être certes différent par sa nature, mais distinct également de par son comportement. Il ne semblait pas animé par ses intérêts personnels ou l'appât du gain comme la plupart des nobles ou autres personnes que le prince avait pour habitude de côtoyer. Dans tous les cas, et comme Messire LELKES avait si bien débuté en ce sens, le jeune homme espérait juste de la sincérité.

Sincère, il ne l'avait pas été de son côté vis à vis des gardes mais il avait fallut à peine quelques heures pour identifier les deux premiers corps, donc il savait très bien que le soldat de Siltora avec lequel il avait partagé - comme les autres d'ailleurs - des entraînements et des moments de convivialité, ne tarderait pas à l'être à son tour. Trois en un mois à peine, et le message était bien passé pour Lhuden. Et ce n'était pas enfermé dans le palais qu'il parviendrait à arranger cette situation et trouver l'auteur de ces actes. Les gardes étaient occupés, son père loin du tumulte des bas étages, Lodagan en plein travail, c'était le moment.

"Sortons d'ici voulez-vous".

Le besoin de prendre l'air et de stopper ces mises à mort avaient finalement pris le dessus sur la courte joute des épées. Lhuden enfila une sorte de cape avec une capuche, et s'orienta ensuite dans les couloirs dans l'optique de s'extirper du palais, en espérant qu'aucun obstacle ne viendrait contrecarrer ses plans. Il évoquerait ensuite le sujet avec Anniel à qui il ne devait pour l'instant aucune explication mais qui avait sûrement compris les intentions du prince quant à sortir de l'enceinte de la royauté.

Devant la gêne ressenti par le nirphalien, le jeune homme coupa court et l'héritier semblait à ses yeux faire preuve d'une grande maturité, qui serait en son temps profitable à l'intégralité du royaume. Il est vrai qu'à l'exception de quelques rares entrevus avec le roi Maes II, Anniel n'avait guère l'occasion de fréquenter la chose royale et voyait cela comme un avenir possible mais pas forcément souhaitable, préférant de loin le calme et la solitude d'une grotte au fin fond du désert aux tumultes mièvres de la cour.

Le jeune prince semblait agité par quelques histoires et son visage à la mine terne et renfrognée laissait envisager qu'il avait quelque chose en tête. Conscient de la position étrange de cette entrevue, l'exilé de Rhaak ne fut pas surpris par la demande du dauphin : "Sortons d'ici voulez-vous." Un peu déçu de ne pouvoir observer les progrès du jeune homme après sa remarque, Anniel se contenta d'incliner poliment la tête en ajoutant : "J'espère que nous aurons d'autres occasion de croiser le fer car vous faites un assez bon adversaire !" Il finit de s'essuyer le front transpirant et du même tissu finit de l'appliquer sur la lame émoussée dont l'huile suintait avant de déposer son arme sur le râtelier sur lequel il s'était servi.

Il emboîta ensuite le pas du jeune homme et ensemble ils s'engouffrèrent de nouveau dans les couloirs sombres et froids du palais. Le dauphin se hâtait et ses pas semblaient déterminés. Anniel qui était à présent parvenu à s'adapter au rythme de son compagnon du jour, lorsqu'il fut arrivé à son niveau lui demanda alors : "Messire, qu'allons nous donc faire qui soit aussi pressant ?"

Sur ces mots et alors que le nirphalien venait à peine de finir sa phrase, un fracas se fit entendre. Le bruit distinctif d'une armure qui s'effondrait lourdement sur le sol. Lhuden et Anniel étaient pourtant seuls en train de s'engouffrer dans ces couloirs et aucune autre présence ne semblait les entourer. La lumière était rare et la pluie semblait tomber à l'extérieur. Le bruit brusque qu'ils avaient perçu, bien que lointain était inquiétant et les deux hommes s'étaient arrêtés net. Le nirphalien tendit sa main comme pour barrer la route du prince et d'un geste alluma les différentes torches qui se trouvaient dans le couloir sombre qui étaient jusqu'alors éteintes. Au loin, à l'angle du couloir, l'assassin sembla percevoir le bas d'une armure qui gisait au sol.

Prudemment il s'approcha et constata qu'un corps sans vie se trouvait là. Était-ce là la suite de la macabre découverte qui était survenue une heure plus tôt ? Un ennemi se trouvaient-ils dans le palais ? Se tournant vers le prince, il lui souffla discrètement alors que d'autres personnes semblaient accourir : "Votre altesse, j'ai la certitude que cette affaire vous concerne, me trompé-je ?" Sans attendre de réponse immédiate, il commença à analyser les plaies de l'homme en matérialisant une petite boule de lumière qui lui permettait d'éclairer la scène et d'observer avec plus de précision ce qu'il avait sous les yeux. Il vit distinctement une première plaie qui semblait avoir été infligée dans le dos mais étrangement il n'y avait pas de traces de sang de ce côté de l'armure. Ayant l'habitude de converser avec lui-même lors de ses longues périodes de solitude, il commenta : "Cette plaie a été infligée après la mort. Mais qu'est-ce qui peut bien l'avoir causée...

Rapidement alors que la foule se pressait et que plusieurs gardes se précipitaient vers la scène, Anniel fit signe à Lhuden de les ralentir. Les mystères l'intriguaient toujours et celui-ci ne faisait pas exception. Aussi, décida-t-il de retourner le mort. Il se redressa et du pied vint appliquer une pression sur l'aine ce qui permit de le retourner sans trop toucher au corps. Devant le regard médusé des autres gardes, il découvrit le visage du soldat qui était tuméfié ou tout du moins semblait-il bouffi. Un détail attira cependant son regard : les lèvres du pauvre homme étaient teintées d'une légère couleur bleue.

Son inspection du corps terminée, il désigna la main du soldat dans laquelle un morceau de parchemin était chiffonné, se tournant vers le prince, il dit : "Si votre altesse veut bien prendre connaissance du contenu de cette missive je pense qu'elle vous est adressée..."

Anniel avait un mauvais pressentiment et regretta presque de ne pas avoir gardé son épée à son côté ou tout au plus la lame émoussée de l'entraînement qui aurait pu lui permettre quelques assauts. Avant de continuer leur aventure, il préciserait certainement au prince qu'il était urgent qu'il retrouve de quoi se protéger lui-même ainsi que le fils de son suzerain.

Les deux hommes étaient sortis de la salle d'entraînement aussi vite qu'ils y étaient entrés. Le prince changeait d'humeur assez rapidement et sans doute que la nervosité de l'affaire en cours jouait en ce sens.

"Messire, qu'allons nous donc faire qui soit aussi pressant ?"

-"Résoudre cette affaire" Lâcha t-il, fortement décidé à trouver l'auteur des faits et à en finir avec les cadavres qui s'amoncelaient devant sa porte. C'est alors qu'un bruit détonnant les alerta. Ils s'arrêtèrent subitement pour finalement accourir dans la même direction. Protecteur, le nirphalien l'empêcha d'aller plus loin et s'occupa de veiller à la sécurité des lieux avant de l'entraîner avec lui jusqu'au nouveau corps qui jonchait le sol marbré du palais. Anniel dévoila son opinion sur l'affaire en général, visiblement convaincu que Lhuden était au cœur du problème.

"On ne peut rien vous cacher". Capitula t-il en toute honnêteté. Les cachoteries n'avaient pas lieu d'être avec le nirphalien qui se montrait clairement de son côté. D'ailleurs, le jeune homme appréciait ne pas être seul dans de telles circonstances et dans la résolution de cette macabre enquête. Magie à l’œuvre, l'ami de son père, et c'est ainsi que le prince voyait le sang noir, s'affairait à récupérer tout indice qui leur serait utile. Cette histoire de plaie après la mort laissa Lhuden sans voix, ou plutôt sans réponse. S'il était quelque peu affecté par les évènements se déroulant devant le palais, ce qui se passait à l'intérieur faisait grimper la tension d'un cran. On touchait désormais à la sécurité royale et la dimension atteinte dépassait les limites à ne pas franchir. "Comment cela a t-il pu se produire à l'intérieur de nos murs ?" Rares furent les attaques intervenues dans l'antre restreinte du palais.

D'un geste de la main en direction des soldats et autres individus curieux, le futur roi les stoppa dans leur avancée. Tous restèrent donc à quelques mètres, patientant et observant le corps inerte sur le sol et l'inspection du nirphalien. Retournant près du corps, Lhuden remarqua lui aussi les lèvres bleutées du défunt. "Poison ?" Proposa t-il à Anniel, lequel lui montra, quelques secondes plus tard, un manuscrit de petite taille, enroulé et froissé, dans la main sans vie. Le prince adressa un regard neutre au nirphalien mais ne manqua pas de prendre ses responsabilités. Il attrapa le parchemin en question et l'ouvrit. La lecture fut rapide et amplement suffisante pour Lhuden qui se redressa en donnant le papier au nirphalien, pour que lui-même en prenne connaissance. Si les menaces étaient déjà parfaitement claires, celle-ci rajoutait une réalité supplémentaire à l'ambiance fortement pénible. Anniel pouvait donc lire les quelques mots suivants : "Une mort silencieuse... Et perdu sera le beau royaume".

Lhuden éleva subitement la voix.
-"Où est mon père ? Trouvez-le !" Ordonna t-il aux gardes pour qu'ils se rendent immédiatement auprès du roi. Lui n'était rien pour l'instant et la vie du royaume reposait sur Maës II. Inquiet, le prince quitta subitement les lieux pour grimper l'escalier le plus proche et rejoindre les appartements de son père. Il le savait en vie car rien pour l'instant n'avait fait de lui un éveillé, mais si le poison était à l’œuvre, il fallait agir rapidement. Sans se soucier des évènements précédents, qui faisaient pourtant de lui la cible principale,  la jeune homme n'avait qu'une idée en tête, vérifier que le roi était bel et bien en sécurité.

Le jeune prince avait corroboré les soupçons du nirphalien, il savait bel et bien quelque chose et cette affaire semblait tourner autour de lui. Analysant le petit morceau de parchemin qu'il avait trouvé dans la main du soldat, l'enquêteur fit signe aux soldats présents d'emmener le corps et de faire mander au plus vite un herboriste pour analyser les lèvres bleutés de cet homme. "Veillez également à vérifier sur le cadavre de l'entrée qu'il ne dispose pas des même caractéristiques. Hâtez vous, la sécurité du royaume peut être en jeu." Ignorant s'il avait le droit d'exiger de telle chose, il se tourna vers le prince qui ne répondit rien et constata que les gardes s'exécutaient. Pendant ce temps, le dauphin avait ordonné aux autres gardes qui se trouvaient là de se rendre auprès du roi.

"Ha et vous, intervint Anniel, donnez moi votre arme !" Le garde à qui il s'était adressé balbutia et le nirphalien coupa court : "N'avez vous point entendu ? La sécurité du royaume est peut-être en jeu." Et voyant l'air benêt du conscrit à qui il s'adressait, il ajouta : "Promis j'en prendrais soin." Ne sachant pas vraiment si ce dernier argument l'avait convaincu, le garde s'exécuta et Anniel fut rassuré de pouvoir attacher à son côté le fourreau de cuir que lui tendit le soldat avec des tremblements.

Inquiet, le jeune héritier se hâta de reprendre sa marche rapide et sembla se diriger en direction des appartements royaux, Anniel lui emboîta le pas. Ils grimpèrent quatre à quatre les marches de marbre qui conduisaient aux chambres de la famille royale. Le nirphalien était plongé dans ses pensées et réfléchissait à ce qui venait de se passer en l'espace d'une heure. Arrivé en cours d'après-midi le soir commençait à poindre et la lumière faible de l'extérieur déclinait peu à peu. La nuit qui se profilait promettait d'être peu reposante. "Messire, reprit-il toujours plongé dans ses pensées et en suivant la montée effrénée des marches, vous connaissez-vous quelques ennemis qui seraient prêt à entrer jusque dans le palais royal ?"

Alors qu'ils étaient en train de parvenir à l'entrée des appartements royaux, le page qui se tenait devant la porte balbutia quelques mots incompréhensibles alors que Lhuden s'engouffrait dans la pièce. Affairé à une table d'écriture, le roi Maës II se tenait devant eux. Nullement surpris de la scène, il continua à écrire son parchemin sans avoir été, semble-t-il dérangé de leur irruption dans la l'antichambre royale... Il semblait au contraire les attendre ce qui ne l'empêcha pas de faire un signe de la main pour leur montrer qu'il finissait d'écrire sa phrase. Lorsqu'il avait aperçu son suzerain, Anniel mit immédiatement genou droit en terre et inclina la tête dans l'angle le plus respectueux qu'il connaissait. Etre en présence de l'Eveillé lorsqu'on était un rebut de Rhaak était une chose rare, surtout lorsque celui-ci n'était pas à considérer comme un ennemi et le nirphalien savait l'honneur qu'il lui faisait de le revoir en ces lieux en ce jour. Malgré un certain nombre d'entrevue royale, l'assassin avait toujours pris soin de conserver la plus grande étiquette due au rang de son majestueux interlocuteur.

Pendant que le nirphalien dictait quelques instructions à propos des cadavres récemment retrouvés et pendant qu'il négociait une arme auprès d'un garde, le prince s'était hâtivement échappé dans les escaliers dans l'optique de trouver son père. Il commencerait pas les quartiers de ce dernier, à savoir le lieu au sein duquel il serait le plus susceptible de le trouver. Anniel l'avait rapidement rejoint en cours de route et tentait de trouver des réponses en l'interrogeant.

"Messire, vous connaissez-vous quelques ennemis qui seraient prêt à entrer jusque dans le palais royal ?"

A cela, le prince n'avait pas de réponse bien précise. "Je n'en ai pas le souvenir. Mais quiconque veut s'attaquer au royaume, s'en prend à l’Éveillé qui le protège". Malgré l'évidence de ses propos, il savait que les éléments l'entouraient lui, et non son père. Le seul mot qui revenait sans cesse à son esprit était le nom de la cité guerrière : Siltora. Mais rien au cours des mois d'apprentissage ne laissait penser à de telles conséquences. Il se garda d'ajouter ses pensées, car voilà qu'ils arrivèrent en trombe à l'entrée des appartements du roi. Lhuden n'avait pas frappé et s'était précipité à l'intérieur avec fracas, suivi de près par le sang noir.

-"Tout va bien Père ?"

Ce dernier leva un œil en direction de son fils essoufflé.

"Bonjour Lhuden". Répondit-il en premier lieu en laissant un bref instant de silence entre ses interventions, faisant ainsi comprendre à sa progéniture l'importance de la politesse. "Comme tu peux le voir, je me porte à merveille". Dit-il en terminant son écriture en toute sérénité avant de poser sa plume. Il se leva de son fauteuil et contourna le mobilier, tout en faisant signe au page de refermer la porte et de les laisser tranquilles. Observant la présence du nirphalien, il le salua également. "Messire LELKES. Soyez certain de mes remerciements. Je fais une nouvelle fois appel à vous". Ainsi, le sang noir le plus fidèle aux Caldérion fut donc appelé par le roi. Maës reporta ensuite son attention sur le prince. "Quel est l'objet decette visite inopinée Lhuden ?"... bien qu'il se doutait fort bien de la teneur de leur présence.

Le jeune homme avait observé à la fois son père et le nirphalien, visiblement de mèche. Du moins, il était à l'origine de sa venue. Un roi avait toujours un coup d'avance, et le prince profitait des conséquences. Il n'était pas contre la venue d'Anniel, au contraire, il avait enfin eu l'opportunité de le remercier pour les faits antérieurs, de même que cette affaire méritait bien de l'aide. Mettant de côté cet appel dissimulé, Lhuden répondit à son père.

-"Le cadavre d'un homme a été déposé devant le palais. Celui d'un autre vient d'être retrouvé à l'intérieur, dans un couloir... sans compter les deux précédents. Je pensais qu..."

Le roi esquissa un sourire et enchaina aussitôt.

"Mon cher fils a encore de belles années de liberté avant de voir tomber sur ses épaules la lourde responsabilité de protéger ce royaume". Le roi fit ensuite quelques pas dans la pièce. "L'inquiétude est plutôt mienne. Lodagan m'a fait part de certains éléments dans cette affaire, et m'a rapporté la mort dissimulée de deux autres jeunes apprentis à Siltora, peu de temps après ton départ. L'auteur de ces crimes va certainement s'en prendre à toi. D'après Lodagan, il s'agirait d'un soldat... ce qui expliquerait son aisance à pénétrer dans l'enceinte du palais. Je lui ai demandé d'établir la liste des apprentis. Ce n'est qu'une question de temps avant que nous le trouvions. Dans cette attente, Messire LELKES, qui a déjà fait preuve d'une attention particulière à ton égard, suivra l'intégralité de tes déplacements. Il mènera également la suite de l'enquête. A ce propos, j'ai déjà ordonné que la liste vous soit remise en mains propres. Si bien sûr Messire LELKES est disposé à accepter cette nouvelle mission". Ajouta t-il en attendant une réponse de ce dernier.

Au même instant, trois coups retentirent sur la porte. Le page avait ouvert la porte, laissant alors entrer trois gardes de confiance tandis que trois autres restaient positionnés dans le couloir.

"Comme tu peux le voir, je suis lourdement protégé. Maintenant, laisse-moi poursuivre mes obligations". Il leva une dernière fois les yeux, devant un prince quelque peu sidéré par autant de facilités à gérer tout type de situation. "Et sois prudent". Lhuden se contenta d'un hochement de la tête, rassuré qu'il ne soit rien arrivé à son père bien que troublé par nouveaux faits rapportés, autant que par la froideur de l'intérêt qui lui était porté en ces temps inquiétants. Il passa la porte et attendit le nirphalien.

Toujours un genou planté en terre, Anniel observa la discussion entre l'Eveillé et son fils. Les mots du roi firent l'effet d'un sort de foudre au nirphalien. Celui-ci comprit aussitôt la raison de sa venue ou du moins que sa présence avait été requise car le roi Maes II avait pressenti les évènements qui se déroulaient autour de son héritier. Lorsque le roi exposait la situation à Lhuden, Anniel avait relevé la tête et observait la scène, toujours en position d'adoubement. Tout en s'adressant à son fils, le roi ajouta : "Dans cette attente, Messire LELKES, qui a déjà fait preuve d'une attention particulière à ton égard, suivra l'intégralité de tes déplacements. Il mènera également la suite de l'enquête. A ce propos, j'ai déjà ordonné que la liste vous soit remise en mains propres. Si bien sûr Messire LELKES est disposé à accepter cette nouvelle mission." Anniel se raidit comprenant que le Roi attendait une réponse. "Il en sera fait selon votre désir, votre majesté" répondit-il, adjoignant à la parole une nouvelle inclinaison de son front qui lui permit à nouveau de constater la qualité du tapis de cette royale demeure.

A ce moment trois soldats pénétrèrent dans la petite antichambre et trois autres étaient restés sur le seuil. Lhuden sortit de la pièce laissant le nirphalien derrière. Anniel s'inclina de nouveau avant de se lever et fut interrompu par le roi Maes dans son mouvement : "J'attends de vous, messire LELKES, que vous vous occupiez de mon héritier comme de ma personne... Votre expérience, je le sais, lui sera fort profitable." Claquant les pieds sur le sol, il refit un bref mouvement de tête : "Vous pouvez compter sur moi votre grâce." Le nirphalien fit volte-face et commença à se diriger vers l'extérieur lorsqu'un garde se râcla la gorge à son côté tout en lui tendant un parchemin : "Voici la liste des noms des apprentis que nous avons compilé. Les cinq premiers sont ceux qui ont reçu une permission pour ce jour et la veille. Vous prendrez évidemment soin de la détruire après utilisation." Le garde avait dit sa phrase sèchement, comme s'il la récitait ou bien voulait-il simplement éviter de rester en présence d'un nirphalien trop longtemps. Ne s'indignant pas de ce fait, Anniel esquissa un mouvement pour attraper le parchemin et perçu le regard amusé du roi derrière lui qui se remettait à sa table d'écriture.

Saisissant le rouleau de parchemin, il opina du chef et repris la route avant d'être de nouveau intercepté par un garde qui se tenait sur le seuil de la porte et qui lui remis son fourreau et son épée. Anniel le remercia tout en enlevant l'épée qu'il portait à son côté et en lui disant de veiller à rendre au jeune conscrit son arme qu'il avait bien voulu lui céder. Par habitude plus que par crainte, le nirphalien souleva son épée par la garde afin de la sortir de son fourreau et constata que la lame était, comme à son habitude, parfaitement entretenu.

Il se dirigea ensuite en direction de Lhuden qui se tenait à quelques pas. Cassant le sceau du document qu'on lui avait remis, il commença à lire les noms qu'il avait sous les yeux : "Hugon Foltrique, Willibert de la Lande, Isaac de Fognoncule, Berthelin de Kardis, Théobald de Valde, Thybalt de Grâce..." et la liste continuait, contenant de nombreux noms. Il tendit la liste à Lhuden en lui disant : "L'un de ces noms attire-t-il votre attention plus qu'un autre ?"

Alors que le prince prenait connaissance de la liste, un valet attira l'attention de l'ensemble des personnes présentes en faisant tomber une cruche en métal sur le sol, ce qui raviva le bruit qu'ils avaient entendu quelques heures plus tard. Ignorant les réprimandes du page qui s'agaçait de la maladresse du serviteur, ayant soudainement une idée, il ajouta : "Et parmi eux, lesquels seraient suffisamment agiles pour partir d'un couloir en quelques secondes sans se faire remarquer tout en étant capable de porter un poids mort en armure ?"

"Venez mon prince, nous devons analyser le corps du premier mort de la soirée et en apprendre plus de la part de l'herboriste du château" dit-il avait de redescendre quatre à quatre les marches qui menaient aux appartements royaux et prenant pour la première fois de la soirée la tête des opérations, ainsi que lui avait demandé le Roi Maes II.

Alors que Lhuden et Anniel arpentaient à nouveau les couloirs du palais, le nirphalien lui tendit la liste de noms élaborée par les enquêteurs du commandant Kerr. Le sang noir lui demanda alors s'il connaissait un nom sur ceux griffonnés sur le papier. Le prince lu l'ensemble et sembla quelque peu ennuyé.

-"Pour être honnête, je les connais tous ou presque. Nous avons passé quatorze mois dans la même école. Je n'arrive pas à imaginer l'un d'entre eux s'en prendre à ses frères d'armes". Il précisa toutefois que Willibert était le jeune soldat retrouvé mort sur les marches du palais tandis que le nirphalien optait pour une étude du corps de celui-ci. Le jeune homme tentait de se remémorer tous les visages de ses jeunes compagnons guerriers tandis qu'une lueur vint se présenter à lui, le stoppant dans sa marche. En effet, il avait reçu une demande écrite dont il n'avait pas eu le temps, à ce jour, d'apporter une réponse. "Berthelin de Kardis... il n'a pas été retenu pour intégrer la garde royale. Peut-être qu'il..."

Lhuden n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une fumée vint asperger l'ensemble du petit couloir où se trouvaient les deux enquêteurs, les asphyxiant et les obligeant à tousser à s'en arracher les poumons. Et ce n'était pas une silhouette mais bel et bien deux qui les obligèrent à rejoindre une petite pièce voisine non occupée. Il y en avait plusieurs ainsi dans le palais. Celle-ci était quasiment vide, seule une veille cheminée se tenait sur la droite tandis qu'une large fenêtre se dressait devant eux. Un tableau représentant le portrait d'un inconnu ornait le mur gauche sous lequel était posé un vieux banc en bois. Le nirphalien fut violemment jeté contre le mur puis une fois au sol il reçu un coup de bottes en plein visage, de quoi le laisser à l'écart un petit moment. Lhuden eut plus de chance, sa condition de prince devait jouer en sa faveur à moins qu'il ne soit tombé sur le moins pire des deux. En effet, il fut poussé contre le pilier de la cheminée et laissé assis à cet emplacement, toussant toujours pour évacuer les effets du poison aérien.

En relevant les yeux, il constata la présence du fameux Berthelin de Kardis, l'idée précédente s'avérant alors exacte.
-"Berthelin... Que fais-tu ici ? "
-"Ta gueule !" Fit l'autre, bien plus brutal, en s'approchant et en lui donnant un revers du poing en plein visage.
Le caractère effacé et fragile du jeune Berthelin lui avait certainement valu un refus d'intégration au sein de la garde royale. "Mon frère devait rejoindre ton armée ! Il a été refusé à cause du sang de syrion qui coule dans nos veines". La brute ci-présente était donc son frère mais Lhuden ne comprenait pas cette histoire de sang. Son regard se posa momentanément sur Anniel qui n'avait visiblement pas repris connaissance. "Notre mère a été engrossée par un syrion et a eu des jumeaux. Mon frère pensait qu'en rejoignant ton armée, il pourrait éviter que ça se reproduise en rejoignant les unités aux frontières. Il est naïf, moi pas". Il donna un nouveau coup de poing à Lhuden avant que son frère n'intervienne.
-"Darwill, arrête. C'est le prince, tu ne peux pas f..."
-"Tais-toi ! Tu savais très bien ce qui se passerait. C'est de sa faute ! Il te considère comme un moins que rien !"
Les deux frères, de caractère bien différent, ne semblait pas être d'accord.
-"C'est faux". Tenta alors Lhuden. "Berthelin est un frère d'armes, jamais je n'ai souhaité lui causé du tort".
-"Ferme-la !" Reprit l'autre, s'agaçant visiblement quant à la poursuite des discussions. "Toi !" Dit-il à son frère, "Tues celui-là" lui demanda t-il en indiquant Anniel inconscient.
-"Non, il y a eu assez de mort tu ne crois pas ! Ne fais pas cela !" Intervint Lhuden en se relevant avec vivacité, bousculant le plus brutal mais attrapé par le cou et bataillant avec le terrible Darwill. L'autre parvint à glisser sa lame sous les côtes du prince, le blessant ainsi à l'abdomen au niveau de la taille et le propulsant une nouvelle fois au sol. De son côté, Berthelin s'avança vers celui qui était pour lui un simple soldat à terre et fit mine d'enfoncer sa lame dans le corps du nirphalien tandis qu'il déposait à proximité de son visage une petite fiole ouverte dont les effluves devaient s'afférer à le réveiller. "Notre mère était botaniste," raconta Berthelin en se relevant et en rejoignant son frère qui s'apprêtait visiblement au pire. "elle nous a appris ce qu'elle savait". Puis il s'avança et se cala entre son frère et son futur roi pour accomplir sa dernière mission. L'épée de Darwill venait de transpercer son frère à la place du prince. "Abruti !" Dit alors le jumeau qui venait de porter le coup de manière involontaire sur son propre frère agonisant. "Je suis désolé... votre altesse" bredouilla le pauvre Berthelin avant de trépasser. Lhuden s'était adossé contre le mur le plus proche, une main sur sa blessure. Son regard dévia d'un frère à l'autre, craignant la colère de Darwill et pour la suite des évènements.

Alors que le prince et le nirphalien se déplaçaient dans les couloirs du palais, une fumée étrange vint les surprendre et deux ombre les assaillirent tout à coup. S'introduisant dans une pièce proche pour essayer d'éviter leurs attaquant, ils venaient en effet de tomber dans un piège plutôt bien élaboré. Anniel fut rapidement attaqué par l'un des deux mais il avait mal estimé la force de celui-ci et le nirphalien se retrouva bien vite projeté contre un mur ce qui le fit s'évanouir pendant quelques instants. Posé là dans une position inconfortable, il n'avait pas de prise sur ce qui se passait autour de lui, saisissant quelques vagues sons autour de lui. Une seule chose était sûre, il devait prêter assistance à son prince qui était resté seul face à deux hommes. "Allez lève toi !" s'ordonna-t-il... Mais son corps ne bougeait pas.

Ne sachant pas trop pourquoi ni comment, il se sentit peu à peu revenir et une odeur agréable mais forte vint lui faire l'effet d'un choc alors qu'il émergeait de son état second. Anniel émergea malgré tout lentement et commençait à percevoir des bribes des mots prononcés autour de lui... "botaniste... savais... Abruti... altesse" Ce dernier mot paracheva d'éveiller Anniel qui se redressa sur ses deux jambes et constata la scène qu'il avait devant lui. L'un des assaillants venait de mourir tué par le deuxième. Sans réfléchir, si ce n'est à la sauvegarde de son prince, le nirphalien prit une légère inspiration puis produit par un geste de sa main une lumière vive qui vint aveugler le dernier assaillant. Puis, dans la seconde qui suivit, il plongea la salle dans la plus grande obscurité possible alors qu'il se préparait à charger. Ayant bien réussi à enregistrer la position de l'ennemi, le nirpahlien se précipita en avant et asséna un violent coup à son opposant qui se tenait encore l'arme à la main. Un cri raisonna dans l'obscurité : "ARG ! Que se passe-t-il !? Maudit prince de malheur ! Que fais-tu !?"

D'un geste leste et précis, que le cri avait permis d'encore mieux ajuster, Anniel qui continuait à employer ses talents magiques pour protéger son futur roi fit s'enflammer la lame de son épée qui commença à rougeoyer et qui devint la seule chose visible dans la pièce. Alors que la lame émettait une lueur vive qui laissait imaginer la température de la lame, il se précipita sur son opposant pour lequel il n'avait plus aucune pitié. Il sentit une résistance sur sa lame qui lui fit comprendre qu'il avait touché juste. Il continua son mouvement jusqu'à sentir sa lame libre.

Attaque sur Darwill a écrit:

Anniel LELKES a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

1 - Echec critique : Anniel a en réalité touché le frère qui était déjà mort.
2 ou 3 - Anniel parvient à trancher le bras gauche de son adversaire et ses vêtements commencent à prendre feu.
4 ou 5 - Le nirphalien blesse gravement son adversaire qui n'a plus que quelques mots à dire avant de mourir.
6 - Réussite critique : Anniel tranche en deux par la taille son adversaire

Ignorant son adversaire, Anniel rétablit la lumière dans la pièce et se précipita vers Lhuden : "Mon prince, comment vous sentez-vous ?" Constatant que son sang commençait à perler à travers son armure, le garde du corps royal déchira rapidement un rideau de soie qui ornait les fenêtres de la pièce et le tendit au prince en lui indiquant qu'il fallait presser le tissu contre sa plaie pour ne pas aggraver sa blessure. Se retournant, le nirphalien observa alors la scène qu'il avait laissé derrière lui et pour laquelle il n'avait eu aucun intérêt tant que la vie de son prince était menacée.

La pièce fut soudainement plongée dans le noir, laissant apparaître une lame enflammée, avant que la luminosité des lieux ne reprenne ses droits. Ce fut étrange mais l'essentiel pour Lhuden fut que Anniel LELKES était encore parmi les vivants et qu'il gère de nouveau la situation, notamment sa sécurité. Il répondit à la question posée.

-"Ce n'est rien". Dit-il sans savoir, avant de changer de sujet. "J'ai bien cru que vous étiez passé dans l'autre monde". Lui déclara Lhuden toujours adossé au mur et soulagé que le nirphalien soit toujours à ses côtés, tandis que le rideau qui compressait sa plaie s'était déjà imbibé de sang de futur éveillé. La douleur était présente mais cela restait supportable. Le prince observa le cadavre du pauvre Berthelin avant de se soucier de son frère... qui ne semblait plus dans son champ de vision.

"Où est-il passé ?" Demanda t-il inquiet en se relevant difficilement mais sûrement. Le meurtrier des jeunes soldats avait visiblement profité de l'obscurité pour s'enfuir, laissant derrière lui son frère mort et un objectif raté. Il risquait de ne pas en rester là et pouvait à tout moment décider de revenir à la charge. Il serait donc primordial de le retrouver avant qu'il ne disparaisse pour de bon et ne ressurgisse un jour prochain quand personne ne s'y attendrait. Malgré sa blessure, Lhuden se dirigea vers le porte et l'ouvrit avec l'épaule pour atterrir de nouveau dans le couloir du palais. Il n'était pas suffisamment prudent, sans doute au plus grand damne du nirphalien qui avait désormais la responsabilité de sa vie. Rien non plus, le fuyard ne semblait plus dans le secteur. Apercevant les gardes qui venaient dans sa direction, l'héritier du royaume de Caldérie donna ses ordres, en pensant bien faire et sans vouloir marcher sur les nouvelles plates bandes du nirphalien. "Fermez toutes les portes ! Immédiatement ! ... et retrouvez cet homme !"

L'agitation s'intensifia dans le palais. Le jeune homme espérait que l'intrus se trouvait toujours dans l'enceinte royale et qu'il serait rapidement retrouvé. Néanmoins, il aurait du mal à faire davantage de son côté. Il trouva appui contre l'un des piliers et se tourna vers le nirphalien resté à proximité avant de s'adresser aux gardes restés autour d'eux. "Messire LELKES vous donnera ses instructions". Dit-il en retirant sa main ensanglantée tandis qu'un guérisseur du palais s'empressait d'intervenir en l'obligeant à s'assoir contre ce même pilier. Mais Lhuden avait souhaité que les gardes rendent des comptes au nirphalien, même si ces derniers avaient du mal à obéir à un sang noir. L'ordre venant du prince, lui-même victime du meurtrier, les gardes n'en seraient que plus disposés à agir en ce sens. "Ne dites rien à mon père" dit-il alors au guérisseur qui avait pour l'instant autre chose à penser. "Veuillez cesser de bouger". Répondit-il avant de quérir deux gardes pour le remettre debout et l'orienter vers l'infirmerie du palais. Il observa Anniel et se dit qu'une fois sa blessure pansée, il retournerait vite fait bien fait dans les couloirs à la recherche du frère De Kardis désormais en cavale.

Le nirphalien n'avait malheureusement pas atteint son ennemi, peut-être trop concentré sur la vie de son prince. A défaut il était parvenu à trancher en deux le frère qui gisait là le corps coupé en deux au milieu thorax. Anniel laissa le jeune prince prendre les devants constatant l'absence de son opposant. Il ne pouvait pas être parti bien loin. Accourant à proximité de l'héritier il l'entendit dire de fermer toutes les portes et d'obéir aux ordres du sang noir. Il leur ordonna alors de fouiller toutes les salles tout en décrivant du mieux possible l'homme qu'ils recherchaient. Tous obéirent malgré leurs rétissences à obéir à un nirphalien.

Anniel laissa Lhuden partir en direction d'un guérisseur afin qu'il reprenne du poil de la bête et soit soigné. L'éxilé de Rhaak se précipita dans une premier pièce où rien ne semblait avoir bougé, puis une deuxième. Et lorsqu'il entra dans une troisième, il remarqua un léger mouvement à l'endroit du rideau. Suspicieux, il s'approcha et constata que quelqu'un se trouvait là. Brandissant son épée il ne trouva là qu'un couple de serviteur qui semblait fortement occupé à en juger par le pantalon descendu d'un jeune homme alors qu'une servante se trouvait devant lui agenouillée. "Rhabillez vous et dégagez !" leur dit-il avec hargne. Il avait d'autres choses à faire et son attitude n'était pas habituelle, mais la situation ne l'était pas non plus...

Laissant là le jeune couple, il continua son inspection lorsqu'il entendit un soldat crier en contrebas. Franchissant la balustrade, il se précipita vers l'endroit d'où provenait le cri et se retrouva nez à nez avec l'intrus qui avait transpercé de son épée un jeune soldat qui était parti à sa recherche. Anniel ajusta son coup à nouveau et essaya de cibler son adversaire dont l'épée était immobilisée. Celui-ci projeta le soldat mort d'un coup de pied ce qui lui permit de libérer son épée et un combat s'engagea entre le nirphalien et l'humain.

Les coups pleuvaient, on sentait que son opposant avait suivi un entraînement militaire et le sang noir avait peine à le toucher. Essayant de se fendre, Anniel essaya de lui asséner un coup aux jambes afin de le déstabiliser mais ne parvint absolument pas à le toucher, celui-ci déviant sa lame au dernier moment. Devant la difficulté de l'affrontement et sentant les limites causées par sa fatigue, Anniel décida de prendre un risque en amplifiant la force du feu qui brûlait sur les torches. Une flamme commença à toucher le rideau et le sang noir projeta son opposant d'un coup de pied en direction du feu tout en tranchant la soie précieuse qui avait pris feu afin d'y bloquer son opposant. Enfin, il s'avança jusqu'à transpercer le tissu d'un coup d'estoc, espérant achever son adversaire qui avait causé tant de morts dans le palais.

Transpercer l'ennemi ? a écrit:

Anniel LELKES a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

1 - Echec critique, la lame est déviée par la présence d'un montant de rideau et Anniel commence à prendre feu.
2 ou 3 - L'ennemi prend feu et le coup le blesse. Il sera pris de rage lors de la suite du combat mais survit à l'assaut.
4 ou 5 - Grièvement blessé, l'ennemi s'effondre sur le coup et son corps commence à brûler.
6 - Tué sur le coup, le soldat blessé meurt, difficile de dire lequel des flammes ou du coup d'épée a eu raison de lui.

Centrale avait beau être l'une des cités les plus protégées du royaume, elle trouvait toujours sur son chemin des ennemis du royaume, des vauriens. Déjà sur l'enquête du tueur qui sévissait depuis quelques semaines contre les apprentis soldats de Siltora, Lodagan avait récolté des informations qui furent transmises au roi, puis une liste qui fut donnée au nirphalien en charge de gérer la suite des opérations. Sa Majesté Maës II lui avait déjà parlé de ce sang noir et de sa bonne action effectuée il y environ dix ans de cela, laquelle fut de protéger l'héritier du royaume, à savoir le jeune Lhuden. En tant que commandant des armées du royaume, Lodagan avait son mot à dire. Il n'approuvait pas réellement ce choix de garder un sang-noir à proximité mais il avait totalement confiance dans le jugement de son roi et cela lui suffisait amplement. D'ailleurs, il était le genre d'homme à penser qu'il fallait prouver sa valeur pour se faire accepter des autres. Il devait donc à son tour accepter la volonté de ce nirphalien de servir le royaume et actuellement, le prince héritier.

Le commandant KERR avait quitté la guilde pour rejoindre le palais. Il avait envoyé ses meilleurs hommes dans les quartiers du roi pour assurer sa protection et se rendait lui-même sur place pour juger de la situation. Il savait que l'un des gardes était ce tueur et il comptait bien voir ce traitre de ses propres yeux. En arrivant, il vit une certaine agitation et par chance, les portes se fermèrent juste derrière lui sur ordre du prince. Lodagan somma un garde de l'informer sur les derniers évènements.

Il apprit ainsi que Lhuden avait été blessé mais pas suffisamment pour mettre sa vie en danger, tandis que le soldat avait trouvé la mort.... Mais son frère, bien plus dangereux, déambulait dans les couloirs du palais. Diantre, il n'était pas venu pour rien, et il ne fallut pas très longtemps au chef des soldats pour entendre les éclats sonores provoqués par les lames des deux combattants. Il s'en approcha pour constater la mauvaise posture du nirphalien, visiblement en train de prendre feu, au même titre que le beau rideau. Logadan s'approcha alors de la scène et arracha un autre rideau pour le plaquer contre le nirphalien mis au sol, et ainsi éteindre les flammes dont il était victime.

Tandis qu'il faudrait envisager un changement immédiat de l'ensemble des rideaux du palais, Lodagan s'empressa de poursuivre les hostilités avec l'autre combattant pour tenter d'en venir à bout, prenant ainsi le relais pour que le sang-noir ne se remette du premier assaut.

-"Lâche ton arme et rends-toi ! ... Ou tout ce que tu trouveras ici c'est la mort".

La folie du frère DE KARDIS avait entraîné trop de victimes pour qu'on le laisse s'en sortir aussi facilement. Il devait payer. Le commandant observa le sang noir positionné sur sa droite et désormais prêt à l'appuyer dans ce combat. Le feu s'était propagé à l'ensemble de la fenêtre et sur l'armoire voisine. D'un geste du menton, Lodagan fit comprendre à l'allié du roi qu'ils ne seraient pas trop de deux pour se débarrasser du traitre. L'humain s'élança et débuta le combat, tentant alors d'entailler la jambe gauche de ce moins que rien.

Citation :

Blessure à l'ennemi
1-2 - Echec critique. Lodagan ne parvient pas à blesser son adversaire. L'autre le désarme et son épée glisse sur plusieurs mètres, vers le rideau totalement en feu.
3-4 - Lodagan blesse le traitre à la jambe mais pas suffisamment pour mettre fin au combat, qui se poursuit avec Anniel.
5-6 - Lodagan blesse suffisamment l'ennemi à la jambe. (+1 au prochain jet d'Anniel contre son adversaire).

Lodagan KERR a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

Alors qu'il avait tenté d'attaquer son adversaire qui était à présent dans une mauvaise posture, Anniel se retrouva finalement en difficulté lorsque se lame fut déviée par l'un des montants du rideau qui s'écroula sous l'effet de la chaleur et l'agitation de Kardis. Non content de se retrouver avec sa lame déviée, le nirphalien vit son habit commencer à prendre feu. S'en rendant compte suffisamment vite, il se projeta au sol et commença a effectuer des roulades au sol pour tenter d'éteindre les flammes. Alors qu'il tâchait de se sortir de cette situation fâcheuse, Anniel aperçut une ombre s'approcher de lui et lui porter secours. Les flammes furent finalement rapidement étouffées et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que la personne qui était venu l'aider n'était autre que Lodagan KERR. Penaud et inquiet de voir ici son supérieur, Anniel esquissa un léger signe de tête entre l'inclinaison protocolaire et celle d'un homme qui était gêné d'avoir été ainsi secouru par son supérieur hiérarchique... même s'il n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer.

Reprenant ses esprits et alors que les flammes commençaient à lécher les murs de la pièce ainsi que les tapisseries fines qui se trouvaient dans la pièce, Anniel vit son supérieur commencer à préparer un assaut. Leur adversaire était coriace et le nirphalien fut bien satisfait de savoir Lhuden loin de lui à ce moment-là, n'ayant pas à s'occuper du prince. Profitant de l'assaut de Lodagan, le sang noir se précipita de préparer deux actions pour en finir avec ce combat. Il concentra son pouvoir magique et produisit une explosion de lumière à côté du frère de Kardis afin de l'aveugler.

Aveuglement de l'adversaire a écrit:

Anniel LELKES a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

Pair : l'adversaire est aveuglé, +2 au jet d'attaque suivant
Impair : l'adversaire n'est pas aveuglé, aucun bonus

Sans attendre de voir si sa diversion était parvenue à l'aveugler, Anniel fonça droit sur son adversaire et tenta de lui asséner un coup violent en touchant la partie haute de son corps avec comme cible de prédilection le cou de son opposant. Se concentrant, il prit un léger élan avant de se projeter vers l'avant en prenant appui sur son pied droit et en tendant son épée devant lui. Il espérait que le combat se terminerait bientôt car sa réserve de magie commençait à disparaître peu à peu et il ne pourrait certainement plus lancer qu'un seul sort... Si possible celui qui permettrait de faire disparaître les flammes de la pièce et ce malgré les dégâts irréversibles qui avaient déjà atteint les tapisseries et certains tableaux de la salle dans laquelle ils se trouvaient.

Assaut a écrit:

Anniel LELKES a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

+1 grâce à l'action de Lodagan
(+2 si jet précédent réussi)

1 : Echec, Anniel ne parvient pas à toucher son adversaire
2 ou 3 : Blessure légère effectuée au bras gauche. L'adversaire esquisse un mouvement qui découvre son flanc droit.
4 ou 5 : Une large blessure apparaît sur le haut du corps qui lui lacère le torse et laisse couler une quantité de sang abondante. Il ne peut plus combattre à cause de ses blessures.
6 et plus : La tête de De Kardis est tranchée nette et tombe au sol. Le combat est terminé.

Le vieil homme avait fait tout ce qu'il pouvait pour soigner le prince de Caldérie. Après avoir sermonné le jeune homme sur ses actes imprudents et le repos obligatoire à prendre dans les heures et jours à venir, Lhuden lui ordonna de rentrer dans ses quartiers et de le laisser seul. A peine le guérisseur avait-il tourné le dos que le fils de Maës II enfilait une simple chemise et passait la porte pour retourner dans les entrailles du palais. Le garde posté devant sa porte n'eut pas d'autre choix que de lui courir après pour assurer tant bien que mal sa protection. Lhuden ne pouvait pas courir mais il marchait à bonne allure, espérant ainsi arriver à temps pour en savoir plus sur l'évasion du frère DE KARDIS. L'odeur de brûlé et les voix l'orientèrent vers la scène macabre qui se tenait au rez de chaussée. Le corps du meurtrier jonchait le sol en deux morceaux tandis que le commandant KERR et le nirphalien se tenaient debout à ses côtés. Ils en étaient visiblement venus à bout. D'autres gardes arrivèrent à leur tour pour encercler et sécuriser la zone.

-"Messire KERR... " Dit le prince en guise de salutations, avant de s'adresser à ses deux interlocuteurs. "Je constate que vous avez mis fin aux agissements meurtriers ... de cet homme". Lhuden évitait de trop bouger, de trop respirer, de trop parler tout court. L'un des gardes s'affairait à faire tomber le rideau carbonisé tandis que plusieurs s'occupaient déjà de déposer le corps sur un brancard pour l'évacuer de la vue de tous. En un rien de temps, il disparu et ce n'était pas pour déplaire à l'héritier de Caldérie. Toute cette histoire fut quelque peu pénible à supporter. Il profiterait d'ailleurs des prochains jours sans entraînement pour écrire une lettre à chaque famille ayant subi une perte. C'était la moindre des choses qu'il pouvait entreprendre, lui qui se sentait coupable d'avoir survécu alors que tant d'apprentis avaient péris. Et cette culpabilité n'allait pas s'estomper avec les propos du commandant, prononcés hauts et forts.

-"Lhuden. Veillez à ne plus vous comporter comme un enfant !" Cria le commandant devant les soldats en présence et Anniel. Alors qu'on pouvait entendre une mouche voler et que tout le monde avait arrêté son activité du moment, le jeune homme observa le chef des soldats de l'Alliance avec une certaine amertume. "Où est votre armure ? Vous pensez qu'assurer votre protection est chose aisée ?" Très peu osaient lui parler en toute franchise à cause de son rang et lui dire les choses telles qu'elles devaient être dites, même si elles étaient parfois difficiles à entendre. Lodagan était un homme juste, expérimenté et au service de la couronne depuis de très longues années. Il avait suivi le prince depuis son plus jeune âge, l'encourageant souvent dans ses choix et l'orientant sur les meilleures voies à suivre lorsque cela s'avérait nécessaire. Il était presque un fils pour lui et il souhaitait simplement le savoir plus prudent. Mais être l'héritier du royaume n'était pas non plus une partie de plaisir. Il ne fallait pas cesser de grandir, reniant l'enfance et l'adolescence pour une préparation à un rôle qui lui était prédestiné, quelque soit le nombre de sujets aussi loyaux que morts qu'il laisserait sur son passage.

-"Je n'ai pas passé quatorze mois à Siltora pour regarder des gens tuer ... des frères d'armes dans mon propre palais". Visage crispé par la douleur, il poursuivit néanmoins dans son idée. "Qui serais-je si je n'intervenais pas ?"
Lodagan répondit sans détour, de manière tonitruante.
-"Un prince dont la vie sauvera bientôt un royaume tout entier". Cette phrase avait retenti si fort que le jeune homme ne su ce qu'il devait répondre.

Le regard du commandant le défia. Participer aux combats, aux enquêtes, aux affaires du royaume permettait à Lhuden de se sentir vivant et utile. Mais sa vie avait trop de valeur pour qu'il puisse la vivre comme il l'entendait.

-"Messire LELKES. Je vous prie... d'accepter mes excuses pour mon imprudence". Il savait que le nirphalien avait bien faillit mourir si Berthelin n'avait pas eu une once de lucidité. Le jeune homme se tourna ensuite vers le commandant qui venait de remarquer la tâche de sang naissante sur le vêtement du prince.
-"Lhuden, vous devriez..."
-"Je n'ai pas besoin de vos conseils". Le coupa t-il aussitôt en tournant les talons pour s'orienter vers ses quartiers, suffisamment contrarié pour éviter d'autres leçons de moral.

Lodagan soupira un bon coup. Il ne voulait pas mettre le jeune homme dans une situation gênante, encore moins devant tout le monde.
-"Il doit comprendre". Fit le commandant à Anniel tandis que les sujets et les gardes reprenaient leurs tâches de nettoyage en tout genre. "Il me fait ronger les sangs depuis qu'il est enfant". Effectuant quelques pas pour entamer son départ, le chef des soldats conclut son intervention auprès du sang noir. "Lhuden aspire à une liberté qu'il ne peut se permettre d'avoir. Sans lui, nous n'avons pas d'avenir." Il marqua une pause et s'adressa sereinement à Anniel. "Un ami lui ferait le plus grand bien".  Alors qu'il s'écartait, il se permit une dernière remarque. "Ah.. et messire LELKES, bien joué pour tout à l'heure ! A l'occasion, passez me voir à la guilde".

Le commandant s'engouffra dans un couloir et disparu. Il était temps pour lui de retourner à ses occupations, l'esprit un peu irrité par ses remontrances envers son jeune prince. De son côté, Lhuden grimpait l'escalier pour rejoindre ses quartiers, perturbé par le commandant en plus de toute cette histoire de meurtres.

Après tous ces efforts et tout ce sang versé, l'affaire qui occupait Anniel, Lhuden et Lodagan Kerr prit finalement fin non sans avoir fait couler encore plus de sang. La mort du dernier frère de Kardis permettait de clore ce chapitre bien que le nirphalien restait un peu dans l'expectative, ne sachant pas si les frères meurtriers avaient été menés à la baguette ou bien s'ils avaient agis de leur propre volonté. Conscient de ces enjeux et soucieux, Anniel profita du reste de son pouvoir magique dont il disposait encore pour calmer les flammes qui les entouraient ce qui permit aux serviteurs qui arrivèrent à point nommé de projeter de l'eau sur les rideaux encore fumant. Alors que les domestiques venaient de finir de retirer les soieries, le jeune prince héritier fit irruption dans la salle avant d'être copieusement rabroué par le chef de l'Alliance. Il est vrai que le jeune prince prenait des risques et l'avenir de la Caldérie ne souffrirait pas de le voir ainsi gâcher sa vie surtout qu'il demeurait le seul héritier de la couronne dont disposait le roi Maes II.

Anniel n'interféra pas dans cette discussion qui ne le concernait que peu. Ce n'est qu'après le départ du jeune prince que Lodagan se tourna vers lui et dit : "Lhuden aspire à une liberté qu'il ne peut se permettre d'avoir. Sans lui, nous n'avons pas d'avenir. Un ami lui ferait le plus grand bien".  Avant d'ajouter comme une ultime remarque à leur entrevue et se rappelant de leur présence en ces lieux "Ah.. et messire LELKES, bien joué pour tout à l'heure ! A l'occasion, passez me voir à la guilde". Le nirphalien inclina la tête respectueusement et répondit : "Merci monsieur, j'espère ne pas avoir généré plus de dépense pour le royaume que nécessaire... Je ne manquerai pas de venir vous y voir, messire Kerr." Il laissa alors le général en chef partir pour le laisser vaquer à ses occupations, qui, il s'en doutait, étaient nombreuses.

Un ami... Il ne savait pas s'il était capable de tenir ce rôle auprès du jeune prince mais en tout cas pouvait-il servir, tant que cela était possible de protecteur si tant est que ce fut là le désir de roi éveillé.

Se reconcentrant sur son affaire, Anniel interrompit des domestiques qui procédait au retrait des corps : "Non, pas encore... Je veux être sûr que cette affaire est bel et bien terminée. Ne touchez pas aux corps !" S'inclinant docilement mais sans réellement comprendre ce que voulait faire le nirphalien, les domestiques se retirèrent et s'attelèrent au nettoyage de la pièce. Le sang noir s'intéressa tout d'abord aux effets personnels du premier frère et préleva dans ses poches une dague ensanglantée qui avait certainement servie dans l'un des meurtres suivi d'un mouchoir et d'une petite flasque qu'il porta à ses narines. L'odeur lui rappela celle qu'il avait sentie lorsqu'il avait émergé de son évanouissement et il comprit alors que ce premier frère n'était pas aussi dangereux et inconscient qu'il n'y paraissait. Il s'intéressa ensuite aux affaires du deuxième et fouilla consciencieusement ses poches en sentant un léger renflement au niveau de son habit laissant supposer qu'il y avait une poche intérieure. Il retira l'habit du cadavre et y trouva là un document que le sang avait copieusement arrosé. Il n'y vit alors qu'une succession de lettres et de chiffres sans lien apparent entre eux... Était-ce là un code ? Les tueurs n'avaient ils pas agis seuls pour combler leur désir de vengeance ?

Anniel se redressa brusquement et se dirigea en direction des appartements de Lhuden, si cette affaire n'était pas totalement terminée, il fallait absolument qu'il protège le jeune dauphin de tout danger. Mais avant d'atteindre ses appartements, il sembla reconnaître la voix de Kerr, aussi se permit-il un détour tout en ordonnant à un garde de rejoindre Lhuden et ne le laisser seul sous aucun prétexte. Le nirphalien se permit d'interrompre la discussion du chef de l'Alliance : "Messire, j'ai ici un document codé qui peut me faire penser que cette affaire n'est pas totalement élucidée..." L'humain à l'air sévère saisit la feuille tâchée de sang des mains d'Anniel et tenta de le déchiffrer. "Permettez-moi de conserver ce document, je m'en vais le confier à nos experts en décryptage... Allez retrouver le prince et prenez soin de lui." Le nirphalien s'inclina poliment et se retira.

Soucieux, il rejoignit ensuite le jeune prince et lui fit part de ses découvertes récentes lorsqu'il l'eut retrouvé dans ses appartements. Il demanda au garde de prendre congés "Monseigneur, permettez-moi de m'inquiéter pour votre sécurité mais cette affaire n'est probablement pas terminée. Aussi, je me posterai à l'entrée de votre chambre jusqu'à demain matin."

De retour dans ses appartements, Lhuden claqua la porte derrière lui, faisant sursauter le garde en continuelle faction devant l'entrée. Un peu sur les nerfs suite aux évènements meurtriers et diverses remontrances du commandant à son égard, il retira sa chemise tâchée et la laissa sur une chaise. Il observa le pansement et l'entoura maladroitement d'un bandage passant également dans son dos pour bien tenir l'ensemble et éviter ainsi que d'autres vêtements ne subissent le même sort. Il enfila une autre chemise et ouvrit la porte pour aller prendre l'air avant la nuit lorsqu'il tomba nez à nez avec le nirphalien. Ce dernier lui annonça ses dernières trouvailles, obligeant le prince à broyer davantage du noir et à annuler sa petite sortie du soir. La mort du deuxième frère DE KARDIS avait été une libération, la fin des meurtres et de l'assaut suicidaire au sein du palais. Mais non, Anniel LELKES venait de lui apprendre que cette histoire n'était pas encore terminée. Après une brève mais nécessaire discussion sur la situation, le sang noir lui indiqua qu'il resterait devant sa porte et referma celle-ci. Lhuden se sentait suffisamment en sécurité au sein du palais, malgré l'attaque de la journée, et davantage avec le nirphalien devant sa porte. Raisonnable, le jeune homme s'allongea pour éviter d'effectuer trop de mouvements inutiles et ainsi préserver le travail du guérisseur. L'esprit malmené par tout ce remue-ménage et la douleur stagnante, il s'endormit sans réellement s'en rendre compte.

Un cauchemar le réveilla au beau milieu de la nuit. DE KARDIS le poignardait encore, encore et encore. Lhuden se leva et observa le croissant de lune qui éclairait une partie des toits de Centrale. Il aimait la capitale autant que son père. C'était chez lui et il ferait son possible, à l'avenir, pour que la paix reste un idéal de vie, un objectif permanent. Tout semblait si paisible dehors. Il se souvint de cette nuit où, alors enfant, il avait déjoué la vigilance du garde et s'était baladé en pleine nuit dans les jardins. Il n'y avait pas eu de problème, jusqu'à ce que son père et le commandant ne soient mis au courant par le garde qui avait constaté son retour deux heures plus tard. La nuit suivante, ce n'était plus un, mais trois gardes qui furent postés devant sa chambre. Lhuden avait vécu cela comme une punition, et non comme une amélioration de sa sécurité. Bien sûr qu'il comprenait aujourd'hui les mesures prises à son encontre, mais cette absence de liberté était pesante pour lui.

Ne parvenant pas à retrouver le sommeil, il rejoignit la porte et l'ouvrit pour s'adresser au sang noir.

-"Je ne parviens plus à dormir". Dit-il en enfilant une veste. "Allons marcher un peu".

Sans véritablement laisser le choix au nirphalien, le prince effectua les premiers pas dans le couloir éclairé par les torches. Ils passèrent devant quelques tableaux et autres sculptures jusqu'à l'escalier qui menait au premier étage puis au rez-de-chaussée.

"Avez-vous une idée quant à l'instigateur de toute cette affaire ?" Messire LELKES semblait être un fin enquêteur et les dernières révélations l'avaient confirmé. Puis, changeant totalement de sujet, Lhuden se permit une question plus personnelle. "Pourquoi assurez-vous ma protection ? Je sais que mon père vous en a fait la demande, mais vous ne devez rien à la Caldérie. Pourquoi avoir accepté ?" Puis il se permit une autre question, encore plus personnelle. "N'y a t-il donc rien ni personne qui ne vous retienne ailleurs ?" Sachant bien que cela ne le regardait pas directement, le jeune prince n'attendait pas que le sang-noir se révèle beaucoup. Néanmoins, il voulait tout de même savoir que ce qui animait un enfant de Rhaak à servir un royaume qui n'était pas le sien.

Les deux âmes en présence arrivèrent aux marches situées à l'arrière du palais. Des gardes étaient en poste dans le secteur. Lhuden entraina donc Anniel à effectuer quelques pas à l'extérieur. L'air frais lui faisait le plus grand bien, tout comme cet échange. Il en oubliait presque les tracas de la veille et la douleur pour l'instant effacée par les quelques heures de sommeil.

La journée avait été longue pour Anniel depuis qu'il était entré dans le palais. Il avait vécu toute une aventure, aussi, il était tout naturellement un peu plus assoupi en cette fin de soirée. Il se posta à proximité de l'entrée des appartements de Lhuden, laissant le garde qui assurait habituellement la veillée redescendre un peu plus bas pour retrouver ses deux comparses qui se situaient à proximité de l'escalier. Quelques éclats de rire laissaient comprendre que ces trois soldats étaient en train de s'adonner à une partie de carte.

Quelques heures plus tard, alors que le nirphalien s'était légèrement assoupi, le jeune prince de Caldérie s'éveilla et lui demanda de le suivre à l'extérieur. Anniel s'exécuta ne sachant pas vraiment les intentions du jeune prince qui le questionna sur la route. "Avez-vous une idée quant à l'instigateur de toute cette affaire ?" Le sang noir prit une inspiration et se laissa quelques secondes le temps de réfléchir à sa réponse : "Il est difficile de le savoir, mais les ennemis de la Caldérie peuvent s'agiter et comploter dans l'ombre pour occire la lignée de l'Eveillé... Ils ont déjà réussi leur coup en Esterya, ils pourraient recommencer..." A cette simple évocation du royaume elfique qui avait vu sombrer celui-ci depuis la mort de leur reine Eveillée, il y voyait planer l'ombre hostile des Guerriers du Chaos, au sein desquels ses frères de race avait trouvé une place considérable... Ce royaume bien que beau était en proie à la guerre et il ne souhaitait nullement que cela se produise dans ce royaume.

Le jeune prince continua ses interrogations : "Pourquoi assurez-vous ma protection ? Je sais que mon père vous en a fait la demande, mais vous ne devez rien à la Caldérie. Pourquoi avoir accepté ? N'y a t-il donc rien ni personne qui ne vous retienne ailleurs ?" Anniel se laissa quelques instants de réflexion pour réfléchir à ce qu'il pourrait dire au jeune héritier et profita de sentir la brise fraîche sur son visage lorsqu'ils entrèrent pour commencer une réponse tout en s'asseyant sur un banc de pierre fraîche et en invitant d'un geste le jeune Lhuden à le rejoindre. "Bien au contraire messire, la Caldérie a été pour moi un refuge..." Il laissa planer une minute de silence interrompu par les gazouillis des premiers oiseaux qui s'éveillait au début du jour. "Voyez-vous, vous connaissez ma nature nirphalienne mais sachez qu'avant d'arriver en ces terres je n'ai jamais été nulle part à ma place. Je suis un exilé de Rhaak, chassé pour des raisons qui me dépassent... Une fois parti, j'ai dû cacher mon existence et ma nature dans la Vaste Désolée, en Hellésia... Les seuls endroits où j'ai eu l'occasion de me sentir à ma place sont au nombre de deux : le premier était au côté de mon maître, mort depuis longtemps maintenant... et en Caldérie, lorsque l'Eveillé, votre père, a accepté que je le serve." Il marqua une pause. Il n'était pas fréquent qu'Anniel évoque ses origines, c'était même la première fois depuis de nombreuses années, lorsque le roi Maës II avait souhaité le rencontrer seul à seul suite au sauvetage de son fils... Après un petit temps, il ajouta : "La Caldérie représente le rempart au Chaos et à l'armée de Rhaak, aussi, il est de mon devoir de protéger cette terre que je considère comme ma patrie légitime depuis que votre père m'a fait confiance..."

Il se releva avant de plonger son regard dans les yeux de ce jeune héritier qui avait vécu sa vie préservé derrières les hautes tours du château : "Je comprends votre désir d'émancipation Messire, mais vous représentez l'espoir de toute une nation, car un jour, c'est sur vos épaules que reposeront le titre et le poids de la couronne. Et c'est pour ça que j'ai accepté de vous protéger aujourd'hui, car je sais qu'un jour vous serez le digne successeur de votre père ! Que vous serez à votre tour le rempart de la Caldérie !"

Dissimulé par les branches des grands chênes du jardin royal, l'aube s'apprêtait à apparaître derrière l'horizon lointain. Assis sur le banc de pierre, le jeune humain et le nirphalien profitaient du calme ambiant pour discuter. Tous les deux n'avaient pas encore eu la possibilité d'échanger sur des sujets différents des meurtres intervenus précédemment et Lhuden voyait là une occasion de connaître un peu mieux celui auquel le roi accordait une confiance totale au point de lui confier son seul héritier. Les réponses d'Anniel avaient convaincu le prince. Il comprenait mieux l'intérêt porté par le sang noir à la Caldérie et il trouva noble de la part d'un nirphalien de prendre part à la cause d'un royaume qui lui était autrefois étranger. Puis en tant que représentant de cette terre, Lhuden était fier qu'elle soit également une terre d'accueil.

-"Cela me ravit que vous ayez trouvé votre place en Caldérie... et que votre présence, tout autant que votre adresse, ait par deux fois évité à ce royaume d'être dépossédé de son futur roi".

Un fin sourire apparut sur le visage du prince. Il avait bien sûr fait référence à l'enlèvement dont il fut victime étant enfant, et à l'agression des deux frères DE KARDIS. Bien qu'indirect dans ses propos, Lhuden avait souhaité remercier Anniel pour ses nouveaux exploits.

LELKES ne manqua pas ensuite de rappeler son destin au prince, auquel s'ajoutaient les responsabilités et les inconvénients, sorte de package indissociable de sa vie passée, actuelle et future. Il avait entendu cela à de multiples reprises, par son père, par Lodagan, et maintenant par le nirphalien. Bien sûr qu'ils avaient tous raison, le jeune homme le savait pertinemment et il ne pouvait les contredire. Pourtant, outrepasser la sécurité renforcée était sa façon de se sentir vivant, de ne pas laisser la mort venir à lui, de combattre ses peurs plutôt que les subir, peut-être.

"Je sais déjà tout cela. C'est un honneur d'être prince de Caldérie et je ne souhaite en rien priver mon peuple d'un éveillé qui les protègera. En aucun cas je ne veux voir les hordes de Rhaak déferler sur mon royaume pour instaurer la violence et la mort. Lodagan, mon père, et vous-même imaginez que je ne pense pas à tout cela, que je n'ai pas conscience de ce mal qui guette nos frontières. J'en ai conscience, cela hante mes pensées et je ferai tout pour l'éviter".

Lhuden aimait à la Caldérie de toute son âme et il ne permettrait pas qu'elle subisse la moindre forme de destruction ou des pertes humaines. Il ne voulait pas être le souverain qui échouerait. Il  n'était pas encore roi mais il était formaté pour le devenir et pensait déjà comme tel, ce qui faisait de lui un jeune homme parfois plus mature que les autres.

"Je ne veux pas être à l'écart du monde". Lâcha t-il finalement, angoissé par l'idée de rester enfermé dans ce palais jusqu'à sa mort, lui qui était autant prince que rêveur du monde. Observant devant lui et profitant de l'air frais, il finit par avouer quelque chose. "Lorsque vous m'avez trouvé... la première fois... j'étais responsable de ce qui est arrivé". Ce n'était pas pour rien si Lodagan et son père avaient des sueurs froides en permanence. Lhuden s'était rendu dans la ville haute sur conseils d'un serviteur du palais pour ramener un cadeau à son père lors de l'anniversaire de ce dernier. Ce n'était qu'un piège puisqu'il s'était à peine faufilé à l'extérieur que des hommes l'avaient enlevé et conduit hors de la capitale pour rejoindre les terres sauvages, certainement pour le revendre à quelques ennemis de Rhaak. Il n'en fut rien grâce au nirphalien.

La nuit touchait à son terme et l'étoile du matin n'était plus que le seul astre visible dans le firmament alors que le soleil commencer à darder ses premiers rayons sur le jardin royal. Anniel comprenait le sentiment de Lhuden, aussi, avec un air grave, il lui dit : "Je comprends votre souhait de vous rendre utile à votre royaume, permettez moi alors de vous faire une promesse. Celle que prochainement, je tâcherai de m'entretenir avec le seigneur KERR et votre père, une fois que votre sécurité sera assurée et que cette affaire sera derrière vous, afin de vous entraîner. Peut-être pourrons-nous aussi nous rendre utile à quelques villages lors de ce voyage... Qu'en dites-vous ?"

Cette proposition pouvait semble surprenante, mais depuis les entretiens successifs avec le roi Maes II et Lodagan KERR, Anniel se sentait un peu responsable de ce jeune héritier que le destin avait mis sur sa route il y a de cela de nombreuses années. Sans lui et ce coup du hasard, il n'aurait pas pu vivre la vie qu'il menait alors en Caldérie, celle qu'il pouvait maintenant être qualifiée comme sa patrie.

Alors que le soleil continuait sa course vers le zénith, s'extrayant de l'horizon, il vit paraître un jeune serviteur qui tenait un parchemin entre ses mains. Respectueusement et peut être un peu intrigué de la présence du dauphin, il s'inclina, formant un parfait angle droit et remis la missive à Anniel qui la lut. Les mots tracés étaient signés de Lodagan KERR et le contenu de la missive lui faisait parvenir une mission.

Messire LELKES, le danger semble écarté et le document d'hier n'a rien révélé sur les instigateurs. Vous trouverez ci-joint un ordre de mission pour retrouver Alix de Groot, un érudit capturé en la Vaste Désolée. Veuillez le conduire à la guilde le plus tôt possible après l'avoir libéré.

Un autre document était mêlé à la lettre qu'Anniel parcourra rapidement avant d'effectuer un geste de la main qui fit s'élever les parchemins dans les airs tout en se consumant. Devant le regard médusé et inquiet du serviteur, le nirphalien lui fit signe de partir avant de se lever lui-même. "Je crois messire que je ne sois attendu à d'autres affaires, aussi vais-je vous conduire à vos appartements si vous le permettez avant de vous laisser là." Il enjoint alors l'héritier à le suivre.

Spoiler:

Lhuden était plutôt ravi de son échange avec le nirphalien. Il connaissait mieux ses motivations et il avait hâte de rejoindre l'Antre Extérieure pour vivre des aventures aux côtés de son nouvel instructeur. Le plus difficile serait d'obtenir l'accord de son père et de Lodagan mais la confiance que ces derniers semblaient octroyer au sang noir jouerait probablement en la faveur des deux nouveaux compères. Le jeune homme savait que son apprentissage n'en serait que meilleur avec un professionnel tel que Messire LELKES et qu'il n'y avait rien de tel que des situations réelles pour s'améliorer en tous points.

-"J'attendrai de vos nouvelles avec impatience". Dit-il simplement mais avec entrain.

Un jeune serviteur vint les déranger pour délivrer un message au nirphalien, désormais concentré à lire le contenu de la missive. Lhuden observa la scène suivante avec attention. La magie était toujours un univers particulier pour le prince qui à ce jour n'avait pas de grandes connaissances en la matière. Il n'avait rien contre ces pratiques, tout autant qu'il ne s'y était jamais réellement intéressé. Une nouvelle mission venait d'être délivrée à Anniel et ce dernier se leva, souhaitant raccompagner le prince à ses appartements pour ensuite et très certainement effectuer quelques préparatifs avant son prochain départ.

"Bien". Dit le jeune homme peu enclin à rejoindre sa chambre mais enjoué à l'idée des futures escapades en Caldérie avec le nirphalien. Une fois les couloirs traversés, ils arrivèrent devant les quartiers réservés au jeune homme. "Bonne chance ... pour vos affaires". Lhuden referma la porte et se posta vers la fenêtre. Les premiers rayons de soleil se posaient sur les toits de Centrale, inaugurant une toute nouvelle journée. La vue était parfaite, en désaccord avec quelques sentiments, mais le prince se sentait plus apaisé. Les meurtres avaient pris fin, du moins il l'espérait, et apprendre aux côtés d'un sang noir était enthousiasmant pour une jeune humain. Il prendrait quelques jours de repos et ne manquerait pas de reprendre l'entrainement avant le retour de LELKES, bien décidé à lui montrer qu'il était capable de parcourir les terres du royaume en assurant sa propre sécurité.

Fin du RP.