Melodiam

La pluie martèle le petit village à l'orée de la clairière, près des bois elfiques. L'attroupement des citoyens attire l'attention de Lhen et de l'exilé, qui peinent à avancer dans la boue. Des huées retentissent, mêlées aux regards effrayés posés sur le malandrin, résigné à son sort. Un homme corpulent et rougeaud se moque ouvertement, énumérant les crimes de l'homme dont la corde serre le cou. Sous la pluie battante, le bourgmestre observe avec mépris le condamné, affichant un sourire malfaisant envers les villageois. Vêtu de noir, le bourreau attend l'ordre d'exécution, impassible. Le condamné a abandonné tout espoir, conscient de sa fin proche. Le bourgmestre révèle au grand jour les méfaits de cet homme : un voleur d'or, osant pénétrer dans la salle du coffre. Une fortune sous la protection de l'homme aux habits de velours et aux cheveux grisonnants. Ses yeux fouillent l'assemblée, cherchant sûrement à offrir un spectacle mémorable à tous.

L’ordre est donné. Sans la moindre hésitation, le bourreau abat le levier qui actionne un mécanisme. La trappe sous les pieds du condamné se dérobe, le nœud coulant serre brusquement sa nuque dans un sinistre craquement. Le corps sans vie du supplicié restera désormais exposé sur la place publique pendant plusieurs jours, tel un avertissement macabre. Le bourgmestre repart de la potence, accueilli par un homme élancé à l'allure singulière. Son regard vif scrute tout autour d'eux avant de se poser sur celui de Lhen, qui ressent un léger malaise. Les citoyens repartent vers leurs chaumières, des bâtisses faites en pierre et en bois, leurs murs infestés de mauvaises herbes. La place devient déserte, hormis nos deux compères qui restent là sous la pluie, se concertant sur ce qu'ils peuvent faire. L’exilé, curieux, se rapproche du cadavre pour distinguer plus nettement son visage.

Maintenant inquiet, il essuie une partie des gouttelettes d'eau qui ruissellent et lui obstruent la vue. Il observe plus longuement et se raidit, comme s'il était pris de tétanie. Lhen tire sur sa manche afin de l'extirper de sa terreur ; celui-ci écarquille les yeux et regarde l’elfe aux traits de porcelaine et au visage ruisselant. Ses vêtements blancs et légèrement rosés sont devenus sales et crasseux, les mèches de cheveux entremêlées sur son visage et ruisselant dans son dos n'entachent en rien son regard doux et la lueur de ses yeux. Il rapproche son visage anguleux près de la jeune femme et lui souffle avec un ton froid, «Cet homme n’est pas du tout un malandrin. Il s’agit d’un de mes frères d’armes.» Surprise, Lhen hausse un sourcil et trouve que le supplicié n’a rien d’un soldat. L’exilé renchérit, «Car ceux qui ont voulu le coincer ont dû récupérer ses effets personnels. Je crois qu’il serait préférable que nous nous séparions.»

Sous sa houppelande brune, l’exilé porte encore l’armure de son ancienne appartenance aux troupes d’Hodémon. L’elfe le sait très bien et comprend qu’il risque un grand danger si quelqu’un découvre qu’un prétendu soldat de l’envahisseur se trouve sur leur territoire. Il serait difficile de leur faire comprendre et entendre que celui qui l’accompagne a désormais tourné le dos à sa patrie. «Et si vous abandonniez vos effets dans la forêt ?» demande-t-elle avec naïveté. L’homme sourit, pensant que cette elfe est bien trop douce pour ce monde de brute. Alors qu’il allait rétorquer, un homme au teint sombre se tient derrière eux. Détournant leur regard, ils découvrent l’elfe sombre qui attendait patiemment le retour du bourgmestre près de la potence. Lhen sent son pouls s’accélérer tandis que l’ancien soldat se redresse, gardant son calme, fixant le regard rougeâtre de l’elfe noir.

«Vos visages me sont inconnus, vous faites peur aux habitants qui se demandent bien ce qu’une elfe et un homme font pour admirer ainsi un cadavre.» Il jette un regard rempli de haine envers la femme au teint de porcelaine, des vieilles querelles qui ne datent pas d’hier entre les elfes et les drows. Quand bien même, agissant en tant que bras droit du bourgmestre, il cherche avant tout à comprendre les agissements des nouveaux venus au sein de son village. «Nous n’avions jamais vu une telle … représentation.» Déclare l’exilé, comme pour dédramatiser leurs intentions. Restant sur ses arrières, l’ancien soldat prend les devants. «Je suis mercenaire, accompagné, comme vous pouvez le constater. Nous cherchions simplement un endroit pour passer la nuit. La visibilité est médiocre avec cette pluie incessante et nous avons du mal à nous repérer.» L’elfe noir reste silencieux, apparemment en train de réfléchir tout en continuant à se méfier. Les propos de l’exilé sont cohérents, même s’ils déforment la réalité, du moins en partie. Lhen se rend compte que cet homme a un don pour élaborer des récits lui permettant de se sortir de situations délicates. C’est à la fois captivant et effrayant.

L’elfe noir les guide à travers quelques ruelles avant de s'engager dans un chemin plus étroit. Les effluves d’alcool se mêlent aux odeurs de nourriture, envahissant leurs narines. Lhen n’avait pas eu l’occasion de se restaurer de manière convenable depuis plusieurs jours, leurs repas étant essentiellement composés de plantes de la forêt et de quelques champignons. Le bras droit du bourgmestre leur indique la porte légèrement enfoncée de l’établissement appelé L’Antre du Rat. «Vous et votre... collègue, vous pouvez passer la nuit ici. Soyez les bienvenus à Halfrebois.» Puis il s’en retourne, disparaissant derrière un mur non loin de là. Lhen lance un regard interrogateur à l'exilé, qui éclate de rire avant de l'inviter à entrer dans la petite taverne. L’endroit est plutôt sinistre, une odeur âcre flotte dans l'air, les tables éparses sont mal entretenues. Un feu crépite dans la cheminée, quelques bougies vacillent de part et d'autre de la pièce. Les temps pluvieux rendent cet endroit encore plus lugubre.

Ils ne sont pas seuls à avoir trouvé refuge ici, quelques regards curieux se posent sur eux, en particulier celui du tavernier. Cet homme, chauve à l'exception d'une longue barbe brune, de petite taille, ressemble probablement à un nain. Son visage est illuminé par un large sourire, ses dents légèrement teintées, son tablier gras et taché d'alcool révèle un manque d’hygiène, 'typique des nains,' pense Lhen. L’exilé s’assoit au bar et commande deux verres de lait. À leur droite, un escalier menant probablement aux chambres, orné de portraits d’animaux de chasse dispersés le long du mur et au-dessus de la cheminée. L’ambiance est rustique mais plus accueillante que la sombre forêt qui entoure ce village. Les créatures qui rôdent deviennent de plus en plus féroces, surtout avec la présence de vladénites qui se fondent comme des ombres dans l'obscurité.

«Quelles sont les dernières nouvelles ? Nous avons erré pendant plusieurs jours sans entrer en contact avec quiconque», interroge l'ancien soldat. «Oh, vous savez, ce n’est plus très sûr de s’aventurer ainsi dans la forêt. On entend des cris étranges pendant la nuit», déclare-t-il en essuyant un gobelet en bois. Il marque une pause, se penchant vers l’exilé et ajoute, «Certains disent même que des individus porteurs de conflit approchent de nos frontières.» Concentré sur la conversation, l’exilé écoute attentivement les propos du tavernier. Il reste impassible, captivé par le sujet des cris nocturnes. Quelques toux retentissent dans la taverne, attirant l’attention de l’elfe aux cheveux immaculés qui parcourt la pièce, scrutant chaque visage.

Par la force des choses, ou plutôt la soif de pouvoir de l'envahisseur, Myriée avait rejoint l'ouest de la contrée des lacs. Quatre jours de marche l'avaient rapprochée des premiers reliefs nordistes des Monts du Diable. Les sang-noirs poursuivaient leurs incursions dans la zone d'occupation, obligeant villageois et combattants d'Estérya à s'orienter vers le sud. La jeune femme venait d'en faire les frais. L'unité qu'elle servait avait sombré et elle n'avait pas eu d'autres choix que de fuir le conflit et la mort des siens. Au cours de son périple, elle avait rencontré Elyrth, un semi-drow et déserteur de l'armée du nord, car les guerres déviaient inévitablement la vie des uns et des autres, anéantissant leur innocence et leur avenir. Tous les deux en mauvaise posture, leur adversité avait trouvé une trêve. Les deux jeunes gens échappaient ainsi ensemble à leurs poursuivants jusqu'à se séparer, laissant l'autre avec ses craintes et l'espoir de survivre.

La demi-elfe avait longuement marché pour échapper à l'assaillant du nord. Tirer directement au sud l'aurait propulsée dans un piège, l'ennemi s'aventurant désormais jusqu'aux terres encore libres. Elle parvint alors jusqu'au petit village qui se dressait sur sa route. Il serait un refuge apprécié, même si les dernières années avaient rendu chaque coin de cette terre bien plus sauvage. Les âmes en étaient plus sournoises en ces temps de guerre, au prix de la conscience et de l'entraide. Les nains œuvraient aux côtés des elfes, d'où la présence de certains d'entre eux sur le territoire, mais tous étaient-ils fiables ? Qu'en étaient-ils des hommes ? Myriée n'avait pas d'opinion en la matière, préférant se cantonner à l'idée très limitée du bien et du mal, de l'oppression et de la liberté, et d'une confiance difficilement accordée. Pourtant, sa précédente rencontre lui avait donné l'espoir que quelques individus de Rhaak lutteraient contre les ordres du dictateur, ou s'en détourneraient. De son côté, la demoiselle œuvrait pour défendre son royaume et elle entendait bien poursuivre la lutte jusqu'à la victoire finale. Mais prématurée était cette dernière, et tenace était l'ennemi.

Au sein de l'établissement, l'ambiance se voulait en apparence décontractée. Myriée profitait de ce retour à la civilisation tout en restant discrète et attentive. Elle appréciait ce toit au dessus de sa tête ainsi que le brouhaha qui contrastait nettement avec le silence déstabilisant et parfois menaçant de la grande forêt elfique. Ici, le danger existait bel et bien, mais il n'était pas comparable à celui qui hantait les sentiers. La jeune demi elfe n'avait pas assisté à la condamnation qui s'était déroulée à quelques ruelles seulement, ni à la sentence qui en fut la réponse. La pluie des derniers jours s'était faufilée partout, infiltrée dans ses vêtements et dans ses affaires. Frigorifiée, la petite guerrière préféra prendre une chambre et ainsi retrouver un peu de confort. Ce n'est qu'après un moment de repos qu'elle avait rejoint le rez-de-chaussée pour se restaurer. Elle observait les clients des lieux sans les fixer pour autant. Elle n'adressa la parole à personne si ce n'est à l'aubergiste pour obtenir un repas rapidement englouti. Elle ne gaspillerai pas son idélium en nourriture.

Elle resta au comptoir et vit deux individus approcher du comptoir. Elle croisa le regard de l'elfe au teint pâle, admirant sa beauté dissimulée par les intempéries et les épreuves, décelant chez elle une inquiétude certainement justifiée par l'atmosphère pathétique et lugubre de ce village et l'ensemble des inconnus qui peuplaient la taverne. Myriée revoyait là son état quelques heures plus tôt. Compréhensive, elle adressa un léger sourire à l'autre jeune femme, ne tenant pas compte de la discussion amorcée entre le barbu et l'autre silhouette. Elle fronça néanmoins les sourcils en observant l'autre visage, mais sans apporter de jugement trop hâtif, elle reporta son attention sur l'elfe.

-Cette pluie n'épargne personne... Dit-elle pour amorcer le dialogue. ... tout comme cette guerre. La demi-elfe n'avait pas retenu ses mots, mais ils étaient tous au cœur du conflit. Elle jeta un coup d’œil furtif sur l'accompagnateur de l'elfe puis s'adressa discrètement à cette dernière. Tout va bien ? Myriée ignorait tout de cette inconnue, pourtant il lui semblait entrevoir une âme silencieusement fragile et inquiète.

Lhen se retrouve à échanger avec une femme au visage amical et aux yeux bleus, arborant une prestance naturelle. Vêtue de cuir et de fourrure, elle semble posséder une silhouette athlétique. Malgré son incertitude entre guerrière et druide, l'elfe centenaire demeure méfiante, même si la voix de l'inconnue dégage une aura compatissante. La discussion aborde le sujet de la guerre, plongeant Lhen dans un désarroi visible. Elle hoche la tête en signe d'assentiment face aux propos de son interlocutrice. Cette dernière lui souffle une question à voix basse, manifestant ainsi son inconfort. Jaugeant la situation, Lhen jette un regard vers Lars, l'exilé totalement absorbé par sa conversation avec le tavernier. Elle baisse le ton, esquisse un sourire sincère à l'égard de la jeune femme et lui avoue : « En ces temps troublés, garder le moral est un défi ». S'emparant de son verre de lait, elle invite l'inconnue à la rejoindre à une table proche de la cheminée.

Tout en essayant d'essorer ses longs cheveux encore humides des intempéries, l'elfe centenaire ressent le besoin impérieux de se réchauffer et de se reposer. La fatigue marque ses yeux cernés, signes évidents de plusieurs nuits agitées et de repas manqués. Trouver une compagnie féminine lui fait le plus grand bien car depuis qu’elle a quitté son hameau, elle n’a pas revu un seul des siens. Seule la présence du soldat exilé a été un réconfort, pourvu que cet homme au visage anguleux et au corps à l’entraînement solide soit quelqu’un de parole. En tout cas, il n’y a eu aucun faux pas et il a toujours levé son épée pour sauver l’elfe des créatures hantant les bois. Serrant sa chopine de lait entre ses doigts fins, Lhen entame la discussion avec l’étrangère.

— Je me nomme Lhen, mon compagnon de route et moi-même cherchions refuge suite à cette guerre. Comme vous dîtes si bien, personne n’est épargné. Je suis en quête de prendre la route vers la terre des Hommes, afin de trouver ma nouvelle voie et de bénéficier des connaissances en combat. Je suis bien trop frêle.

Lhen dévisage la jeune femme, trouvant chez elle une part de singularité et d’authenticité. Elle aurait tellement aimé voir sa sœur grandir et être à ses côtés. Malheureusement, les événements de la vie ont fait que sa route est désormais sans sa famille. Il est difficile pour l’elfe centenaire de réussir à accorder sa confiance auprès de personnes rencontrées au détour d’un bois ou même dans une taverne. C’est pourquoi elle sait qu’il vaut mieux en dire le moins possible sur ses affinités avec le monde extérieur, sans toutefois rester enfermée dans un mal-être profond. Elle a besoin des autres et sait pertinemment qu’une communauté soudée est plus importante que la solitude, bien qu’elle ne dirait pas non à un coin de bibliothèque où elle pourrait se prélasser sans se soucier de la guerre.

— Et vous ? Qu’est-ce qui vous a amené ici ?

Tandis que la jeune femme et Lhen se prêtent dans une conversation, Lars remercie le tavernier et se place à la table, prenant une vieille chaise en bois avant de s’installer proche de l’elfe aux cheveux immaculés. Il balaie du regard la pièce et inspecte la demoiselle qui leur fait face. Haussant son regard, l’elfe lui sourit poliment, souhaitant passer aux présentations seulement, la main gantelet de l’exilé se pose sur son épaule avant qu’il ne lui murmure à l’oreille : « Je nous ai pris deux chambres séparées, si vous souhaitez vous reposer, demandez la clé au tavernier. Tout a déjà été réglé ». Lhen voulut rétorquer mais le soldat se leva et prit le chemin des escaliers menant aux chambres. Il va certainement s’écrouler de fatigue, au vu de ses traits tirés. Détournant le regard de Lars vers celui de l’étrangère, Lhen pose une main sous son menton et tient la chope de lait de l’autre.

— Je crois qu’il n’a plus de force pour converser. Excusez-le pour ses manières.

La pluie martèle les murs de la taverne, ajoutant un rythme frénétique à l'atmosphère déjà crépusculaire. Les flammes vacillantes des bougies offrent un éclairage tamisé, projetant des ombres dansantes sur les murs décrépits. Dans un coin sombre, quelques hommes s'adonnent à un jeu de dés, leurs rires étouffés par le crépitement de l'averse. Pendant ce temps, le tavernier s'est retiré dans la pièce à l'arrière du comptoir, laissant le lieu plongé dans une semi-pénombre. Le lait chaud glisse le long de la gorge de l'elfe, apportant un réconfort bienvenu à son corps épuisé. Elle aspire à devenir plus forte, à acquérir l'expérience et la résilience nécessaires pour secourir les siens dans le besoin.

La jeune demi-elfe pensait comme Lhen. En ces temps troublés, il était difficile de garder le moral. Pourtant ce royaume avait besoin que l'on reste en éveil, fort et désireux de faire avancer les choses dans le bon sens. Myriée agissait de la sorte, autant qu'elle le pouvait. Cela n'excluait pas la fatigue, les déceptions, les défaites, mais en tant que très jeune guerrière au service d'Estérya, elle se devait de garder un minimum d'aplomb et d'espoir. Malgré toute la meilleure volonté du monde, elle n'était pas fière de ses dernières aventures. La première l'avait contrainte à fuir devant l'ennemi, mais une fois son unité décimée, que pouvait-elle faire contre la dizaine de sang-noirs achevant les blessés un à un sans la moindre pitié ? Elle pensait retourner tant bien que mal dans l'un des quartiers généraux de la Résistance pour faire état des pertes subies, de la position de l'ennemi et de ses méthodes peu conventionnelles pour terrasser les défenseurs d'Estérya. Ce sentiment d'impuissance avait tourmenté Myriée au cours des derniers jours et elle en était parvenue à l'idée qu'elle ne valait pas mieux qu'Elyrth, le demi-drow déserteur qui composait sa deuxième aventure. Serait-elle considérée comme tel par les siens ? Quant à cette moitié de sang-noir, au lieu d'en finir avec lui alors qu'elle en avait eu l'occasion, elle s'était ravisée et lui avait laissé la vie sauve, jugeant leur rencontre en retrait vis à vis de cette guerre. Peut-être avait-elle bien agit, peut-être pas aux yeux des siens. Elle en resterait seul juge.

L'elfe l'invita à la suivre jusqu'à l'une des tables disponibles. Les deux jeunes femmes s'installèrent et la conversation vint d'elle-même, aussi naturellement qu'entre deux connaissances. Lhen souhaitait donc rejoindre la terre des hommes dans le but d'apprendre et s’engaillardir. Myriée sourit en entendant ces mots, jugeant noble, bien que dangereux, l'intérêt de l'elfe, sans doute à la fois pour elle-même, et pour les causes qu'elle défendrait dans le futur. Vous êtes bien plus forte que vous ne le pensez. Dit la jeune brune à sa voisine en corrélation avec ses projets. Le simple fait de l'envisager et de suivre cette voie dévoilait une part du caractère de l'elfe. Elle semblait également bien plus forte que l'image qu'elle donnait d'elle-même. Le regard de Myriée fut attiré quelques secondes vers un groupe d'individus un peu trop bruyant. L'observation était très importante ces derniers temps, au point qu'elle pouvait éviter la surprise de bien des ennuis.

— Et vous ? Qu’est-ce qui vous a amené ici ?

La jeune demi-elfe ne mit pas longtemps à répondre. A dire vrai, même si elle se méfiait de plus en plus des âmes présentes en Estérya, elle n'avait encore jamais été trahie par un elfe. C'était donc plutôt sereine qu'elle évoquait la raison de sa présence au sein de cette auberge. Toutefois, elle resterait suffisamment discrète pour ne pas être entendue par d'autres inconnus.

Je dois rejoindre l'une de nos unités, au sud. Tout comme vous, cet endroit ... un brin sordide... était sur ma route. Je dois dire que je ne reconnais pas là notre beau royaume. Tout est devenu si sombre, si malsain. Elle vit alors le compagnon de l'elfe quitter le comptoir et prendre leur direction. Il me faut pour cela contourner cette zone... puis je devrai rendre compte d'une mésaventure et obtenir de nouveaux ordres. Elle émit un bref sourire. La situation était telle qu'elle était. En tant que soldat au service du royaume d'Estérya, Myriée parlait plus de l'aspect professionnel que de sa propre vie. Pour l'instant. Elle interrompit ses propos dès que l'homme se posta à côté de leur table. Elle entendit ce que ce dernier glissa à l'elfe avant de le voir se retirer dans les étages. Lhen évoqua la fatigue de celui-ci, ce que la jeune demi-elfe pouvait parfaitement comprendre. Il n'y a pas de mal. Dit-elle en poursuivant leur conversation. Vous devez être épuisée également. Ne vous sentez pas obligée de rester. A dire vrai, lorsque la demi-elfe avait croisé le regard de la jeune femme, elle s'était sentie investie quant à lui parler, la rassurer, elle qui arrivait dans cette auberge, trempée jusqu'aux os et semblant avoir vécu des instants harassants. Mais elle comprit très vite qu'elle avait elle-même ce besoin de converser avec une autre personne. La confiance avait bien évidemment sa part d'importance, mais la parole guérissait à elle seule bien des maux. Votre ami semble attentionné. Il est important de bien s'entourer par les temps qui courent. Ajouta t-elle en affichant un sourire sincère. Compte t-il vous accompagner jusqu'à la frontière ? Ce n'était certes pas ses affaires, et Myriée s'en rendit compte un peu tard. Elle souhaitait juste échanger avec l'elfe, ni plus, ni moins.

Le crépitement des flammes dans l’âtre de la cheminée réconforte l’elfe, qui se sent enfin en sécurité malgré les rumeurs de cris nocturnes et l’hostilité des bois. Attentif à la voix et aux paroles choisies de l’étrangère, Lhen réalise qu’elle n’est pas une simple mercenaire. Ses yeux grisonnants s'illuminent de fascination, imaginant en elle une combattante défendant les siens. L’elfe centenaire a toujours admiré les femmes fortes et ingénieuses, qu’elles soient physiquement ou mentalement puissantes. Inconsciemment attirée par sa prestance et sa beauté sauvage, Lhen se rapproche lentement. Cependant, une part d'incertitude l'envahit : est-ce réellement une compagne d’armes ou une erreur de jugement ? Malgré cela, l’attitude bienveillante de l’inconnue envers Lhen est indéniable.

La question qu’elle lui pose la plonge dans une réflexion brève. Ils cheminent ensemble, mais elle ne peut affirmer qu’ils sont réellement amis. Pour l’instant, ils mettent leurs talents au service l’un de l’autre, dans l'attente de trouver une solution à leur situation. Finissant sa dernière gorgée de lait chaud, Lhen porte sa main à sa joue, observant les gaillards se divertir avec leurs dés, l’un d'eux buvant à grandes lampées leur boisson.

— Je ne sais pas vraiment ce qu’il souhaite, s’il compte me suivre jusqu’à la frontière. J’espère simplement que oui. Nos compétences nous ont déjà sortis de bien des situations. Mais…

Ses yeux perdent leur éclat, assombris par le souvenir pénible d’une vie où la mort et la peur étaient monnaie courante. Elle n’avait jamais imaginé ôter la vie à quiconque, et n’avait jamais franchi cette limite. L’exilé était celui qui affrontait les créatures de la forêt, utilisant les techniques acquises dans l’armée pour protéger leur survie commune. En réalité, elle ne connaît que très peu cet homme, partageant rarement des fragments de leurs vies passées, se concentrant plutôt sur la survie au jour le jour.

— Il est courageux et sait se battre, des qualités qui nous permettent de progresser, même si nous nous interrogeons sur ce qui pourrait se cacher à nos côtés. Nous restons en alerte constante, et nous n’avons pas eu l’occasion de manger convenablement. Heureusement, mes connaissances en herbologie nous ont permis de subsister quelques jours supplémentaires au cœur de la forêt. D’ailleurs, les arbres ne semblent plus communiquer comme autrefois. Leur échange la captive, mais la fatigue commence à prendre le dessus sur le corps frêle de l'elfe. Ses yeux gris se ferment lentement avant que la voix douce de l’inconnue ne la tire de sa torpeur «Je suis désolée ! Ce n’est pas que votre récit m’ennuie, mais je vais devoir aller me coucher. Nous aurons sans doute l’occasion de reprendre notre conversation demain matin. Oh, au fait, comment vous appelez-vous ? Je suis ravie de rencontrer une femme aussi charmante ici ! Bonne nuit.»

Se levant doucement, la jeune femme à moitié endormie se dirige vers le comptoir pour obtenir une clé en argent du tavernier. Remerciant ce dernier, elle se dirige, d’un pas mal assuré, vers les escaliers et monte à l'étage. Il est sombre, sans fenêtres, éclairé faiblement par la lumière du rez-de-chaussée. La chambre qui lui est destinée est la deuxième porte à sa droite. À l'intérieur, elle découvre une chambre simple, un lit recouvert d'une peau de vache, une desserte vide et une chaise. Dommage qu’elle ne sache pas où se trouve Lars. Non pas pour l'épier, mais plutôt par précaution. Après tout, ils se retrouvent dans un endroit peu engageant, néanmoins bien meilleur que les bois. Elle pose ses vêtements secs sur la chaise, gardant un linge léger pour éviter le contact direct avec la peau de vache. L'hygiène dans ce lieu est loin d'être parfaite. Bientôt, épuisée, elle s'endort et plonge dans un sommeil troublé par d'étranges rêves.

Un cri déchirant, peut-être celui d'une femme ou d'une entité terrifiée, la tire brusquement de son sommeil. La pluie ayant cessé, seul le sifflement du vent contre la toiture persiste. Désorientée, elle se remémore les événements de la veille pour pouvoir se recentrer. D’un geste de la main, une petite lueur virevolte autour d’elle pour illuminer la pièce. Prenant ses effets personnels ainsi que son bâton, la jeune femme se rhabille vite avant de sortir avec précaution, ses pas légers contre le plancher. Des ronflements se mêlent au murmure du vent, et ces cris persistants. La petite boule de lumière la suit à la trace, tandis qu’elle s’en va descendre les escaliers pour retourner au rez-de-chaussée. Le feu est éteint, plus aucune bougie est allumée et une odeur âcre remplit ses narines. La jeune femme commence à se diriger vers le comptoir lorsqu’une main gantée vint la prendre par le bras et l’autre devant la bouche. Paniquée, Lhen essaie de se débattre mais elle comprend vite qu’il s’agit de son allié.

— Calmez-vous, Lhen. C’est moi, chuchote-t-il. Je ne pensais pas avoir été si bruyant. Excusez-moi. Il relâche sa prise et recule, son épée prête à être dégainée. Vous entendez ces voix ?

— J’appellerais plutôt ça des cris, Lars.

La faible lueur n'éclaire qu’une partie de la pièce, limitant leurs capacités alors qu'ils sont en alerte. Lhen n'est plus habituée à dormir dans un tel endroit, même si son sommeil fut bref. « Lars, j'ai l'impression que les cris se rapprochent », murmure-t-elle.

— Ce ne sont pas seulement des hurlements… Regardez. Il désigne les fenêtres où des ombres se meuvent. Puis, un regard suffisant à Lhen pour lui demander d'éteindre son sort de lumière. « Faut-il que j’alerte les autres ? Ou bien …»

MAP du RP:

Lhen ne tarissait pas d'éloges sur l'homme qui l'accompagnait. Il l'avait certainement épaulée et défendue durant leur périple dans la forêt elfique, pourtant, et d'après les paroles de l'elfe, ils ne semblaient pas si proches l'un de l'autre. En effet, la jeune femme ne savait pas si celui-ci allait l'accompagner jusqu'en Caldérie pour les projets qu'elle avait précédemment évoqués. Myriée resta attentive aux propos de l'elfe, esquissant même un léger sourire lorsque l'herbologie entra en scène, tout simplement parce qu'elle ne s'était pas trompée sur sa voisine. Cette dernière alliait cette grande beauté et cette fragilité qui faisaient d'elle une personne que l'on souhaite protéger, mais ses projets pour l'avenir tout autant que ses connaissances en faisaient également une personne bien plus complexe, et comme la demi-elfe l'avait déjà soulignée, bien plus forte qu'elle ne voulait le croire elle-même. Elle savait s'entourer d'un protecteur et user de ses capacités lorsque la situation le demandait, et survivre dans la forêt n'était pas si simple qu'il n'y paraissait car de son côté, Myriée avait eu beaucoup de mal pour rejoindre cette auberge.

Toujours en silence, la jeune guerrière écoutait la suite de l'intervention de l'elfe mais la fatigue ne permit pas à cette dernière de prolonger leur entrevue amicale. La demi elfe comprenait fort bien l'état dans lequel se trouvait Lhen.

-Ne soyez pas désolée. Puis, en se souvenant de son arrivée ici même. Si vous aviez vu dans quel état je suis arrivée ici... les quelques mots échangés avec le maître des lieux m'ont amplement suffis. Mon seul désir était de grimper ces escaliers et de rejoindre ma chambre. La jeune demi-elfe était une personne simple et spontanée. Affichant un sourire sincère, puis un léger étonnement, elle se souvint en effet qu'elle avait manqué de politesse en omettant de se présenter. Je suis Myriée. Dit-elle avant de se soucier de la suite des évènements. Je compte partir demain en fin de matinée. J'espère vous revoir avant mon départ.

La demi elfe ne souhaitait pas s'éterniser dans le secteur. Elle devait rejoindre le sud dès que possible. L'auberge lui avait permis de retrouver un peu de réconfort mais elle devait penser à reprendre sa route. Tout comme Lhen, Myriée jugea bon de quitter les lieux. Elle observa une dernière fois les personnes présentes dans la salle principale puis elle disparu à son tour dans l'escalier qui menait aux chambres. Elle ouvrit sa porte, veilla à ce que nul individu ne traine dans le couloir et elle referma de l'intérieur pour une sécurité souhaitée et une tranquillité de l'esprit. Elle posa quelques affaires, s'assit sur le bord du lit, leva les yeux vers un plafond fortement banal mais qui absorbait plutôt bien les pensées moroses, puis elle s'allongea sur le dos pour se mettre à l'aise. Elle fixa la poutre de ce même plafond, cherchant déjà les mots du récit qu'elle défendrait bientôt pour expliquer son repli forcé et le détour effectué pour échapper à l'ennemi. Malgré le repos déjà pris quelques heures plus tôt, la demi-elfe sombra assez rapidement dans un sommeil récupérateur... jusqu'à ce cri étrange qui vint l'extirper de son sommeil. Elle se demanda si cela provenait d'un rêve ou du vent qui semble t-il s'était levé à l'extérieur. Comme si la pluie ne suffisait pas, les éléments continuaient de se déchainer sur Estérya.

Réveillée et indécise quant à l'origine de ce bruit, la demi-elfe s'approcha discrètement de la fenêtre pour regarder à l'extérieur. La pénombre était telle qu'elle ne pouvait même pas entrevoir un cheval si l'animal venait à se trouver là, au beau milieu du chemin. Myriée émit une moue dévoilant l'incertitude d'une éventuelle action de sa part. Elle s'allongea de nouveau, pensant retrouver le sommeil, mais la poutre s'imposa de nouveau, l'obligeant à réfléchir et à se lever. Elle attrapa son épée, la glissa à sa ceinture, enfila une veste par dessus et d'un coup de clé dans un sens puis dans l'autre, elle ouvrit puis referma la porte de sa chambre pour s'insérer dans le couloir, dans l'escalier, dans la salle principale. La faible luminosité était oppressante et très irréelle en comparaison avec les nombreuses bougies qui accompagnaient la cheminée la veille durant, mais une lueur stagnait au dessus du comptoir et de deux silhouettes que la jeune femme reconnu aussitôt.

Lhen !? Dit-elle sans élever la voix.

Les deux compères purent entrevoir l'arrivée de Myriée avant que l'auberge ne soit complètement plongée dans le noir. La jeune femme sortit son épée tout en s'approchant des deux seules âmes éveillés.

Que se passe t'il ici ?

D'autres cris s'étaient faits entendre. La demi-elfe n'était pas des plus rassurées et bien qu'elle avait échangé avec l'elfe pour ne pas la considérer comme une ennemie, elle ne la connaissait pas suffisamment pour lui accorder une confiance aveugle, et il en était de même pour l'homme qui l'accompagnait. Néanmoins, les deux visages ne semblaient pas suspects et l'atmosphère actuelle laissait présager un danger en provenance de l'extérieur. La brunette les contourna et se pencha pour mieux observer en direction des tables. Elle ne vit rien pour l'instant et attendit des explications de la part de Lhen qui était semble t-il descendue avant elle, tout en restant attentive aux bruits et aux éléments inhabituels qui rôdaient dans le secteur.

Une angoisse envahit le regard de l’elfe au teint porcelaine, tandis que Lars baisse la voix et désigne la fenêtre du doigt : « Des bêtes rodent dehors, je ne parviens pas à distinguer leur forme. J’allais m’approcher lorsque Lhen est arrivée. Restez ici, je vais jeter un œil. » Le sifflement du vent dans la cheminée s’ajoute à l'ambiance lugubre de la scène ; quelque chose de sinistre semble se profiler à l’horizon. Les craquements du bois sous la bourrasque et les ombres mouvantes à l’extérieur ne rassurent en rien. Serrant son bâton entre ses mains, l’elfe croise à nouveau le regard de Myriée dans la pénombre et murmure : « Avant d’arriver ici, nous avons été pourchassés dans la forêt. J’ai le pressentiment que quelque chose de sombre s’installe dans les bois. Ils ne sont plus sûrs. » Un soupir léger suit ces mots, l'espoir étant d'éviter un nouveau conflit dans ce hameau infortuné.

Malheureusement, les cris venant d’une maison voisine les alertent. Lars s’approche des fenêtres, espérant faire le moins de bruit possible bien que son pas lourd sur le bois émet quelques grincements. Il tire le rideau du bout de son épée et découvre la tête d’une araignée géante, ses huit yeux aussi noirs que le vide le fixe avec une étincelle malveillante. Lars recule précipitamment alors que l’araignée pousse un cri strident, exhibant ses énormes chélicères, cherchant à briser la vitre qui la sépare de sa proie. Les ronflements à l’étage cessent, ils se réveillent brusquement. Tandis que les dormeurs se précipitent, Myriée, Lars et Lhen se retrouvent face à une arachnide immense, brisant la vitre en morceaux. Le raffût alerte le village qui sonne le cor, un son grave qui résonne à travers la clairière. Leur ennemie tente de pénétrer dans l’enceinte de la taverne, mais Lars dégaine son épée et, d’un coup, lacère l’un des membres velus de la bête. Son cri de détresse alerte ses congénères qui convergent vers lui : la taverne est encerclée. Le tavernier, armé d’une hache, abasourdi par les événements, se met à hurler d’une voix rauque : « Tous ceux qui ont une arme, préparez-vous à sauver votre peau ! Ces immondes bestioles n’ont rien à faire sur nos terres ! ».

Trois hommes armés, chacun équipé d’une épée, de deux lames recourbées et d’un labrys, s’unissent pour barricader la porte d’entrée et quelques fenêtres du mieux possible. Ils renversent les tables pour libérer l’espace central de la pièce, s’assurant une certaine mobilité. Lars se tourne vers les deux jeunes femmes en arrière et leur ordonne : « Allez à l’étage, barricadez les autres fenêtres autant que possible. Espérons qu'elles ne parviennent pas à pénétrer à l’intérieur. » Lhen ne se fait pas prier et se précipite vers les escaliers, la peur grimpant en elle. Elle n'a jamais été encline à se battre et redoute particulièrement les araignées. La faible luminosité du deuxième étage ne facilite pas la visibilité, et il est probable que ces arachnides se déplacent également sur le toit. Lhen commence par les chambres à sa gauche, utilisant les couvertures des lits et des morceaux de bois pour barricader les petites fenêtres. La peur grandit en elle et il est difficile pour elle de trouver le courage nécessaire. L’endroit où ils se trouvent est vétuste, mal entretenu, et le toit semble peu solide face au poids de ces monstres. Rejoignant Myriée, elle lui confie d'une voix tremblante : « Je suis terrifiée. Je n’ai aucune expérience dans le combat, mais je peux agiter mon bâton. »

Au rez-de-chaussée, deux autres araignées s’acharnent sur la porte d’entrée et une seconde fenêtre. Lars et le tavernier réussissent à sectionner l’une des pattes de la créature qui recule, son sang noir souillant le sol. Coincés dans cet espace étroit, ils s’unissent et se préparent à tout pour survivre. Tenant fermement son arme, Lhen jette un regard inquiet vers le toit. « Que devrions-nous faire, guerrière ? Attendons-nous que le plafond nous écrase ou tentons-nous de sortir ? » La seconde option, plus risquée, offrirait une perspective extérieure pour évaluer la situation hors des murs. Bien que Lhen se trouve dans une situation désespérée, elle n’est pas seule. Entourée de compagnons expérimentés dans le combat, elle refuse de se laisser abattre, déterminée à maintenir le moral du groupe. Dans l’obscurité de la nuit, une simple lueur peut susciter l’espoir !

Cette histoire n'envisageait rien de bon. En effet, Lhen s'était confiée à Myriée sur le fait d'avoir été poursuivis dans les bois avant leur arrivée dans cette auberge. La jeune brune repensa à sa propre fuite en compagnie d'Elyrth et de leurs poursuivants dont ils ignoraient l'appartenance. Mais une chose était sûre, il ne s'agissait pas des mêmes traqueurs. Car les ombres et les sifflements de cette nuit laissaient comprendre que les villageois tout autant que les clients de l'auberge avaient affaire à des créatures malfaisantes plutôt que des sang-noirs. Ceci dit, l'un n'allait peut-être pas sans l'autre, la guerre ayant entrainé bien des changements au sein du beau royaume de l'Est. Par chance, la demi-elfe n'avait rien croisé de tel sur sa route. Seule, il aurait été complexe de s'en sortir vivante. Néanmoins, le prix à payer serait peut-être pour cette nuit.

D'autres cris retentirent et le compagnon de Lhen s'approcha de la fenêtre pour espérer obtenir des éléments de réponse. Il fut servit. Une araignée aussi énorme qu'hideuse toquait violemment le bois de l'auberge avec ses membres velus pour espérer se frayer un chemin à l'intérieur et entreprendre un véritable carnage. La vitre céda assez rapidement mais la bestiole était tellement grosse qu'elle ne pu entrer tout de suite, se prenant surtout un coup d'épée qui dévoila la résistance de ses proies. Mais les cris qui suivirent avaient alertés ses congénères mais aussi l'ensemble du village. Au sein de la taverne régnait une certaine agitation. Tous s'étaient réveillés en trombe et subissaient l'angoisse d'une issue incertaine. Armes dégainées, ceux qui le pouvaient se tenaient prêts tandis que d'autres barricadaient les ouvertures.

Comme beaucoup, Myriée n'était pas sereine. Elle observa rapidement l'ensemble des fenêtres ainsi que l'entrée. L'homme qui accompagnait Lhen avait pris les choses en mains et il somma les deux femmes de rejoindre l'étage pour éviter toute intrusion. La jeune demi-elfe aurait préféré prêter mains-fortes au rez-de-chaussée mais il fallait en effet s'assurer de l'imperméabilité des lieux face à ces créatures du démon, de même qu'elle ne laisserait pas Lhen se déplacer seule à l'étage. Tout comme l'elfe, la jeune guerrière s'occupait de barricader chaque accès, se répartissant les chambres et œuvrant en toute hâte. Alors qu'elles se retrouvaient toutes deux au bout du couloir, l'elfe avoua ses craintes. « Je suis terrifiée. Je n’ai aucune expérience dans le combat, mais je peux agiter mon bâton. » Myriée était juste inquiète, elle aussi, sur la résistance de la toiture et de certains recoins de l'auberge, laquelle était d'un certain âge. En posant le regard sur Lhen, elle se voulu néanmoins rassurante. Soyez rassurée. Je ne laisserai pas ces créatures s'en prendre à vous. La demi-elfe ferait ce qu'elle pourrait pour protéger l'autre jeune femme. Elle n'en restait pas moins dubitative. Elle avait déjà affronté des vladénites, ce qui certes n'était pas rien, mais en aucun cas des araignées géantes.

« Que devrions-nous faire, guerrière ? Attendons-nous que le plafond nous écrase ou tentons-nous de sortir ? » Myriée réfléchissait déjà aux différentes options qui leur étaient offertes, tout en écoutant l'elfe d'une oreille. Elle se déplaçait dans le couloir central, vérifiant à nouveau les fenêtres de chaque pièce, à moins qu'elle ne cherchait le meilleur endroit pour agir. Elle ne connaissait pas les points faibles de ces bestioles, mais elle se mit à croire qu'elles n'étaient pas si différentes des autres. Elle entra dans sa propre chambre et récupéra dans son sac ses deux pierres à feu. Elle pris la lanterne au fond huileux et la déposa sur le vieux parquet. Elle ôta quelques objets ayant servis à barricader la fenêtre, ce qui pouvait intriguer l'elfe puisqu'elles venaient justement de tout obstruer. Elle frotta les deux pierres et créa une flamme sur un petit morceau de bois qu'elle inséra dans la lanterne. Elle attrapa ensuite l'unique chaise et d'un coup de bottes, cassa le dossier, avant de s'en prendre aux pieds. Elle enroula fermement le drap autour de l'oreiller et glissa le pied de la chaise désormais enflammé à l'intérieur. Nous allons faire passer ce feu par la fenêtre et le jeter sur le chemin, devant l'entrée de l'auberge. Cela devrait les attirer et nous laisser la possibilité de sortir par la fenêtre opposée. Dit-elle en observant les deux portes ouvertes derrière elle qui menait à l'issue souhaitée. Les araignées attaquant de nuit, il était donc fort probable qu'elles redoutaient la lumière, mais elles verront d'abord une proie avant de voir des flammes hostiles. Myriée glissa ses pierres dans une poche et confia la torche à l'elfe. Elle ôta d'autres encombrants postés devant la fenêtre, vérifia l'absence d'araignée, décocha un regard à l'elfe, ouvrit lentement et d'un geste, jeta en contrebas la torche enflammée. Des cris se firent entendre tandis qu'elle dressait le matelas devant la fenêtre et poussait l'unique table contre celui-ci pour maintenir l'ensemble.

Allez, c'est le moment ! Dit-elle en orientant Lhen sur la face opposée de l'auberge tout en prenant la lanterne avec elle, après l'avoir éteinte. Elles grimpèrent sur un petit pan de toit qui donnait donc sur l'arrière de la bâtisse et sur une grange postée à quelques mètres, tout en se déplaçant lentement, le plus discrètement possible. Myriée observa en contrebas et malgré la faible luminosité offerte par l'astre lunaire, elle pu vérifier l'absence d'arachnides. Venez ! Dit-elle en chuchotant et en sautant dans l'herbe qui donnait derrière l'établissement. Myriée aida Lhen à ne pas tomber en quittant le toit. Elle plaqua aussitôt l'elfe contre le mur lorsqu'une silhouette à huit pattes déboucha du coin de l'auberge. Chhhhhh. La demi-elfe observait la créature en approche. Elle ne semblait pas les avoir repérées, pourtant la brunette ne prit pas de risque. Elle se concentra un instant et modela une petite boule de terre qu'elle envoya contre un arbre un peu plus loin. La bête se tourna en direction du bruit et galopa rapidement dans cette même direction, laissant un peu de répit aux deux jeunes femmes. Un petit abri pour le bois se dressait à leurs côtés. Cachez-vous ici. Je reviens. La demi elfe n'appréciait pas l'idée de laisser Lhen seule mais ce n'était que pour quelques secondes. En effet, Myriée rejoignit aussitôt la grange. Elle entra par une planche démise, s'accroupit, versa le peu d'huile qui restait de la lanterne sur le foin et le bois qui maintenait la structure. Après cela, elle frotta ses pierres pour démarrer un nouveau feu pour espérer enflammer la totalité de la grange...

Citation :

1-2 - Echec critique : Le feu ne prend pas à cause d'une paille trop humide liée à la pluie des derniers jours. Myriée sort et fait face à l'une des créatures, positionnée entre elle et l'elfe.
4-3 - Réussite partielle : le feu embrase peu à peu la grange. Une araignée empêche Myriée de sortir, et Lhen par la même occasion.
5-6 - Réussite : le feu embrase toute la grange. Myriée rejoint Lhen. Les cris des araignées retentissent. Elles s'éloignent du feu mais restent dans le village, à proximité, cherchant d'autres proies.

Myriée NETHERELL a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

La guerrière cherche des mots réconfortants pour apaiser les tourments de l’elfe aux cheveux polaires. D’un pas décisif, elle s’empresse de récupérer quelque chose à l’intérieur d’une des chambres, et finit par s’arrêter et prendre dans un sac - qui doit certainement lui appartenir - deux petites roches. Lhen, surprise, se questionne quant aux agissements de Myriée. C’est en la voyant saisir la lanterne et briser l’unique chaise de la chambrée, attrapant ainsi les pieds, que l’elfe comprit où elle voulait en venir. Après avoir enflammé l’un des bouts de bois et enveloppé le tout dans son oreiller et un amas de tissus, elle tourne son regard vers l’elfe et lui déclare que ce sera une diversion qui, elle l’espère, attirera les bêtes aux longues pattes juste devant l’entrée de l’auberge. Un deuxième pied de chaise brisé s’enflamma, telle une torche de fortune, qu’elle tendit à l’elfe. Puis, la guerrière se rue dans la chambre opposée afin de retirer ce qui encombre la fenêtre et y jeter l’amas de lins qui émet un nuage de fumée. Une odeur de brûlé s’intensifie, le temps presse. Il n’y eut qu'un bruit sourd lorsque la pile de tissus se déversa sur le sol tandis que les flammes consumaient les draps. Elle prit également des mains la deuxième torche de fortune, la lançant contre le linge sur le sol en contrebas, avant de rabattre les effets de la chambrée contre la fenêtre austère. Myriée l’invite à la suivre, s’empare de la lanterne et souffle sur la flamme vacillante, afin d’éviter d’être repérée par la lumière et pouvoir se faufiler discrètement à l’extérieur de la bâtisse. Ce sentiment, voir une femme se démenant pour contenir le mal, est grisant, surtout lorsqu'elle révèle des aspects auxquels elle n'aurait pas pensé.

La guerrière se déplace avec agilité sur le toit, tandis que l’elfe lui demande de tenir son bâton pour faciliter son ascension. Une fois son arme récupérée, celle-ci tend ses mains vers l’elfe au visage doux pour l'attirer à elle. La vue depuis le toit est impressionnante, les bâtiments autour sont endommagés et les araignées errent dans les ruelles. Derrière elle se dresse une grange dans un état plus ou moins avancé. La plupart des habitants sont retranchés chez eux, certains tentent de repousser les attaques. Lhen s'interroge sur la localisation du bourgmestre et de ses gardes pour protéger le village. Le vacarme est assourdissant, laissant peu de place au murmure de la forêt. La combattante ramène la jeune femme à la réalité en l'entraînant vers l'arrière du bâtiment, se déplaçant furtivement. Après une inspection rapide des environs, elles se glissent sur le sol, un mélange d’herbe et de boue, due aux intempéries de la veille. Près du mur, la guerrière retient sa compagne de route pour se dissimuler, une araignée à huit pattes rôde. Les mains de Myriée attirent l'attention de celle-ci, qui d’un geste rapide, usa de sa magie pour créer un petit lopin de terre qui se fracassa un peu plus loin, l’araignée géante alla se diriger vers la source du son. Afin de la protéger, la femme aux cheveux sombres invita l’elfe à se cacher dans un abri où est entreposé du bois de stockage. La brunette se dirige jusqu’à la grange et disparaît hors de la vue de Lhen.

Soudain, son regard dévie vers l'araignée géante qui fait marche arrière, pénétrant dans l'allée où les deux femmes se sont séparées. Des lueurs orangées se diffusent à l'intérieur du vieux bâtiment, un feu crépite, et l'elfe au teint de porcelaine se doute qu'il s'agit de sa compagne de route. Une pensée lui traverse l'esprit : « Peut-être a-t-elle des tendances pyromanciennes ?». Toutefois, cette monstruosité obstrue le passage et il est impensable pour l’elfe aux cheveux polaire d’arriver à battre cette bête. Malheureusement, si elle n’agit pas rapidement, Myriée risque de se retrouver soit coincée dans les flammes, soit être face à son ennemi et tomber devant ses énormes mandibules. Prenant son courage à deux mains, Lhen sort de sa cachette et décide de s’approcher de l’énorme bestiole. Elle inspire profondément, bien que ses jambes soient tremblotantes. L’araignée ne l’a pas remarqué, du moins, pas encore, et reste figée devant la grange qui s’enflamme de l’intérieur. La guérisseuse place une main devant et éclaire sa position. Elle servira d’appât s’il faut. L’araignée se retourne et décèle la présence de la jeune femme. Ses pattes en avant, elle s’approche dangereusement et dévoile ses huit yeux couleur onyx sous la lueur de la lune. La peur ressentie empêche l’elfe de faire quoi que ce soit, à vrai dire, elle n’avait jamais vu pareil monstre sauf dans les histoires. Elle ne pensait pas que le monde pouvait être si sombre, si dangereux. Vivre dans son havre de paix ne lui a jamais permis d’ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe réellement.

Elle n’arrive pas à crier, son corps tremblant ne parvient pas à faire le moindre geste, et cette petite lueur disparaît, la laissant s’envelopper dans les ténèbres de la nuit. L’araignée émet un râle étrange, prête à charger, mais un cor résonne un peu plus loin, et des bruits assourdissants remplissent les environs. Une explosion retentit vers le centre du hameau et vers l’avant de l’auberge. Des hommes armés se déplacent en hurlant de tout cœur à l’avant du bâtiment, agitant leurs haches et leurs épées. C’est alors que Lhen aperçoit Lars un peu plus loin, tandis que les mandibules de la monstruosité se rapprochent dangereusement de sa proie. Il voit la scène au loin, les flammes de la grange éclairent les environs et dévoilent le monstre qui sépare Myriée et sa protégée. D’un élan presque surhumain, l’adrénaline prenant possession de lui, il se rue jusqu’à Lhen, qui tient son bâton fermement. Elle le place devant elle comme pour se convaincre que cela la protègera. L’araignée déploie ses mandibules et, avec un cri strident, tente de broyer sa cible. La jeune femme lance un regard plein de désespoir envers son compère, qui tente d’arriver au bon moment pour la secourir. Lhen espère que la guerrière a réussi à sortir à temps, avant que la grange soit complètement enfumée de l’intérieur.

1 Échec critique : Lhen se fait mordre de plein fouet par les mandibules de l'araignée et perd connaissance
2 Échec : Lhen est blessée grièvement
3-4 Réussite partielle : Lhen subit une attaque mais n'est pas en danger de mort.
5-6 Réussite : Elle est sauvée et l'araignée risque de passer un sale quart d'heure !

Lhen VESPR a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :

Le feu prenait peu à peu dans la grange, consumant la paille, le foin et les morceaux de bois entreposés dans la bâtisse. Myriée ne savait pas si les flammes attireraient les araignées géantes ou les repousseraient, mais quoiqu'il en soit, elle pensait que son initiative serait utile. En effet, elle serait nécessaire pour libérer l'entrée de l'auberge si les créatures accouraient dans leur direction, ou tout simplement pour les écarter de la zone. La demi-elfe savait que le feu et les bêtes de ce monde n'étaient jamais très compatibles, aussi elle tentait sa chance. La fumée s'installait peu à peu dans l'espace clos mais elle s'échappait toutefois par quelques ouvertures du vieux bâtiment. Les sons de crépitements et les lueurs dansantes dans l'obscurité laissaient déjà entrevoir le sort funeste auquel était destinée la grange.

Alors que Myriée souhaitait s'en extraire, une vile créature s'était positionnée sur le chemin qui séparait l'auberge et la grange, celui qui séparait également la jeune guerrière et Lhen. Faire face à la bestiole ne l'enchantait pas, mais périr carbonisée encore moins. Se munissant d'un morceau de bois enflammé, la demi-elfe sortit en le positionnant devant elle pour entrevoir au même moment l'élan de courage de l'elfe pour faire diversion. Elle eut un sentiment d'effroi en apercevant Lhen face à l'arachnide. Bien que les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas encore très bien, Myriée se sentirait longtemps coupable si quelque chose arrivait à l'elfe qu'elle avait elle-même conduit à cet endroit précis, en pleine nuit et au milieu des rôdeurs aux pâtes géantes.

La demi-elfe analysait brièvement la situation quand un vacarme tonitruant retentit un peu plus loin devant l'auberge. Des hommes tapaient contre des objets et hurlaient afin de repousser les créatures. Tout comme Lhen, Myriée avait observé l'arrivée de plusieurs d'entre eux dans leur direction. Elle s'approcha armée de sa torche et l'agita devant la créature pour finalement se positionner aux côtés de l'autre jeune femme qui avait évité le pire de justesse. La grange en feu, les bruits des hommes prenant leur direction et la torche enflammée de la jeune femme étaient autant d'éléments qui avaient conduits l'araignée acculée à grimper sur la façade puis le toit de l'auberge. Un autre vacarme retentit les secondes qui suivirent puisque le poids de la bête fit céder la toiture, comme présagé un peu plus tôt.

-Tout va bien ? Demanda la demi-elfe.

Un groupe d'hommes arriva jusqu'aux deux jeunes femmes. Le feu étant déjà sur place, ceux qui le purent se munirent de torches pour s'armer davantage face aux créatures. Myriée n'avait pas d'autres idées pour lutter contre ces mygales géantes, elle espérait toutefois que quelqu'un dans la petite assemblée aurait un plan si les choses venaient à prendre une tournure plus délicate.

Citation :

1-2. La malchance s'abat sur le village : un orage éclate, le feu s'éteint, les araignées s'approchent et commencent à tuer plusieurs personnes. Trouver un refuge devient la priorité.
3-4. Les villageois se regroupent vers la grange et luttent avec les moyens du bord. Ils créent un cercle de feu suffisamment grand et continue de l'alimenter pour éviter aux créatures de les approcher.
5-6 Un elfe dotés de pouvoirs satisfaisants récupère les flammes de la grange et les projette sur les araignées qui se déplacent tout autour et les carbonise les unes après les autres.

Myriée NETHERELL a effectué 1 lancé(s) d'un (6.) :